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Citation de Cielvariable


La Nouvelle-Orléans, 1840

― Il n’y a aucun problème avec le comte DeVereaux, déclara fermement Magdalena.

Les pieds solidement posés sur le parquet, le dos bien droit, la jeune fille était assise sur le sofa du grand salon de la demeure familiale, une imposante bâtisse ceinturée d’une véranda à colonnes, typique des maisons de planteurs de La Nouvelle-Orléans.

Jason Montgomery regarda sa fille unique, soupira puis secoua la tête avec tristesse. Il détestait lui faire de la peine, mais comment l’éviter ?

La voir si belle avec sa somptueuse chevelure sombre illuminée d’une mèche rouge feu ramassée en un lourd chignon sur la nuque, ses quelques bouclettes rebelles sur le front, lui serra la gorge. Tout à coup, il eut peur et frissonna : elle allait gâcher sa vie s’il n’intervenait pas ! Il devait se montrer ferme.

Sa seule enfant… De tout temps, il avait été enclin à l’indulgence vis-à-vis d’elle, voire complaisant, ce qui n’entamait en rien sa lucidité de père et d’homme : elle était vraiment belle. Son visage, sa silhouette possédaient une perfection presque irréelle. Sa peau avait la douceur et le grain sans défaut de l’albâtre poli, ses prunelles la couleur de l’ambre. Magdalena était dotée d’une classe innée, d’une volonté de fer et d’une intelligence hors du commun. Elle bénéficiait de surcroît de la grâce d’une gazelle : le moindre de ses mouvements était naturellement élégant et lorsqu’elle se décontractait, elle devenait douce, tendre, faisant montre d’une séduction empreinte de la naïveté des jeunes filles de son âge. Tout le problème venait de là : elle était jeune, impressionnable et passionnée.

Il lui avait cependant appris à être forte. Son héritière se montrerait digne de Jason Montgomery, le souverain d’un petit royaume, celui de cette plantation de Louisiane. Tous les hommes de cet État, d’ascendance française ou anglaise et désormais citoyens américains, le respectaient car il était sage, éduqué et puissant. Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour façonner sa fille à son image.

Et voilà que maintenant, elle usait à son encontre des armes qu’il lui avait données !

― Tu n’aimes pas le comte parce qu’il est français, l’accusa tranquillement Magdalena.

― Ce n’est pas parce qu’il est français que je n’aime pas le comte. C’est parce qu’il est…

Jason s’interrompit juste à temps. À aucun prix Magdalena ne devait s’imaginer qu’il perdait l’esprit, ce qui eût été le cas s’il s’était expliqué. Il tenait à ce qu’elle respecte ses opinions sans les discuter et se plie à son autorité parce qu’il était son père.
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