1870-1890
"Je suis née à Tianjin, sur la barque de mon père, portée par les flots d’or du Hai He, qu’on appelle aussi la rivière de la mer. Je viens de cette eau qui me relie à toutes les autres, à la mer Jaune, au fleuve Jaune, au Grand canal et, de là, au Yangzi Jiang."
Lin Hei`er, fille du batelier Lin Li, menait avec ses parents, une vie de voyages, bercée par l’eau au gré des fortunes des riches commerçants de Tianjin qui finançaient le transport de cargaisons à travers l’immense empire chinois. Le commerce était vital. Tianjin n’est pas une terre fertile. C’est le cœur battant d’une saline. "Nous étions des milliers de barques à Tianjin à voyager, les cales pleines de sel à l’aller, puis chargées de soie, de thé, et surtout de céréales pour nourrir les ventres de toute la province, au retour."
A la fin de l’automne, toutes les barques étaient sorties de l’eau pour éviter le gel, son père profitait de l’hiver pour s’entrainer au mât. "Il était plus acrobate que batelier et ne vivait que pour le festival des chrysanthèmes et ses concours d’agilité." Il apprit cette très ancienne tradition, qui rendait hommage au ver à soie, à sa fille. Un vieux maître qui dirigeait une troupe de cirque ambulant les remarqua et décider de les engager, surtout Lin Hei`er.
Discipline et perfection, firent d’elle un être aérien, une grâce naturelle ajouta à sa renommée. Elle était promise à avenir brillant. Elle vivait en vase clos, ne se rendait pas compte du changement qui survenait dans son pays.
Les étrangers, profitaient de leurs canonnières, de leurs armes, de la faiblesse de Cixi, l’impératrice douairière, pour envahir petit à petit cet immense continent. Les missionnaires chrétiens faisaient pression pour baptiser les pauvres paysans, dès le début du XIXème siècle, déjà deux guerres en Chine, celle de l’opium par les Anglais, puis la Révolte des Taiping, qui fit des millions de morts, un peu plus tard, il y aura aussi celle contre le Japon et la révolte des Boxers, contre l'Alliance des huit nations coloniales, qui signera la fin de l'Empire.
Aveugle à tout ce qui l’entourait, Lin Hei`er, tomba de haut, le jour où elle comprit qu’en plus d’être artiste, son maître voulait la louer à des hommes riches. Elle avait quatorze ans. Ne sachant où aller, elle se dirigea vers la maison de boue. Nuit noire sera son mentor, et elle en fera une grande courtisane. Lin Hei`er aura un nouveau nom, Lotus.
Quelques temps plus tard, elle deviendra une grande guérisseuse, grâce à Shi qui lui transmettra, tout son savoir.
Dans une Chine, où règne pauvreté, famine, inondations, minée par l’opium, les missionnaires de tous pays, les conflits armées, Lin Hei`er, décidera de créer un centre, Le Lotus jaune, pour les femmes rejetées, abandonnées, démunies. Elle transmettra aussi son savoir.
Surnommée la Sainte Mère du Lotus jaune, son aura s’étendra autant sur le peuple, que sur les Lettrés, les rebelles, les commerçants. Elle créera la première milice de femmes appelées les lanternes rouges, pour aider à la défense du pays.
Le Lotus jaune de Hélène Jacobé est une grande fresque historique passionnante. Avec Lin Hei`er, nous assisterons à la chute de La dynastie Qing, d’origine mandchoue. La dernière dynastie impériale à avoir régné sur l'Empire de Chine.
Un roman très intéressant, les faits historiques sont bien décrits, parfois un peu long à mon goût. Le destin exceptionnel d’une femme courageuse et engagée.
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A partir d’une photo des Lanternes rouges, une milice de femmes qui a participé à la Révolte des Boxeurs en 1900, Hélène Jacobé imagine l’histoire de l’initiatrice de ce mouvement, Hei’er, pour raconter les évènements qui conduisirent à la chute de la dynastie manchoue des Qing en Chine.
Née en 1870 à Tianjin, cette fille de bateliers entre dans un cirque comme acrobate à 8 ans, devient « pensionnaire » d’une maison close à 14 puis apprend, d’une vieille guérisseuse, les techniques divinatoires du Yi Jing.
Dans la Chine impériale qui subit la sécheresse, la famine et les inondations, elle crée un refuge pour femmes abandonnées, le Lotus jaune, qui deviendra une milice de combattantes rebelles appelées les Lanternes rouges.
Depuis le début du XIXème siècle, la Chine aura déjà vécu les deux guerres de l’opium et la Révolte des Taiping, cette guerre civile aux 20 millions de morts. Et durant les 30 années que se déroule ce roman, le pays va également subir la guerre contre le Japon puis le soulèvement des Boxeurs contre l’Alliance des huit nations coloniales, qui signera la fin de l’Empire.
Hei’er, surnommée la Sainte-Mère du Lotus jaune, symbole d’un peuple opprimé et de ses femmes abandonnées, joua un rôle influent dans cette société patriarcale et corrompue.
Ce livre est beaucoup plus qu’un roman car l’histoire de cette jeune femme n’est que le fil doré qui brode la toile du destin de ce grand pays d’Asie, où se sont opposés les courants de pensée traditionnels issus du peuple et les courants réformateurs inspirés des mouvements progressistes venus de l’occident, malgré le pouvoir tyrannique de l’Impératrice Cixi.
Alternant romance et document, l’autrice donne un souffle épique à sa narration, nous apportant toujours plus d’éléments historiques sur la Chine du XIXème siècle, au fil du récit.
Comme souvent dans les romans historiques, on trouve une mine d’informations dans les annexes avec notamment une chronologie des faits historiques, la liste des personnages réels et imaginaires, ainsi que des plans des lieux où se sont déroulés les évènements.
Une belle histoire de femme engagée et un grand roman historique qu’il faudra certainement relire plusieurs fois pour y puiser de nombreux détails passionnants.
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Un roman historique passionnant, une fresque flamboyante relatant la vie d'une femme combattante qui marqua l'histoire de la Chine impériale.
1870, Lin Hei'er voit le jour dans une famille très pauvre de batelier. Remarquée par un propriétaire de cirque elle est engagée pour sa grande dextérité d'acrobates mais lorsqu'elle a 14 ans elle va devoir échapper à ce destin sans avenir.
Elle trouve refuge dans une maison close La maison du phénix où on lui enseigne l'art de satisfaire les hommes.
Elle va recevoir aussi l'enseignement de Shi grande guérisseuse, qui lui transmettra tout son savoir.
Dans une Chine où règnent la famine et la pauvreté, les rebellions, la guerre de l'opium, la modernisation avec les chemins de fer et l'arrivée des missionnaires de toutes nationalités, mettant à feu et à sang toutes les contrées chinoises, le temps est venue pour Lin Hei'er d'aider toutes ces femmes qui n'ont plus rien et poursuivre son enseignement auprès des plus pauvres et des plus démunies en créant un lieu pour les accueillir, les éduquer et transmettre à son tour son savoir.
L'autrice dépeint le destin incroyable d'une femme courageuse, déterminée et d'une grande modernité pour son époque et sa culture.
Un roman extrêmement documenté sur cette période de l'histoire chinoise qui apporte un rythme soutenu au récit.
Un mot aussi pour cette couverture que je trouve absolument magnifique.
Merci infiniment à Alexandra des @editions_heloise_dormesson pour la réception de ce roman à titre gracieux.
Aimez vous aussi les romans historiques ? L'avez vous lu?
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Le Lotus Jaune est un roman historique qui nous plonge dans la révolution des Boxeurs et la guerre contre les Occidentaux à travers le regard de Lin Hei’er. Une femme au destin et à la volonté incroyable. À cette période où la condition de la femme chinoise est si précaire, Lin Hei’er offre l’hospitalité, se fait éducatrice, guérisseuse et est l’investigatrice d’une ligue de femmes en difficulté, reniées ou perdues.
Certains passages sur les enjeux politiques m’ont semblé un peu long mais j’ai beaucoup aimé découvrir le quotidien des Chinois au tournant du 19ème, écartelés entre traditions et modernité.
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