On peut mourir pour sa patrie, pour une idéologie, pour la gloire… on ne sacrifie pas sa propre vie, son propre bonheur, pour un être du sexe opposé qui ne représente rien que lui-même. Je ne nie pas l’Amour avec un grand A, sublime, exalté, surhumain. Je sais qu’il existe. Je nie par contre, formellement, que ce qu’on appelle communément l’amour, atteigne jamais à ces hauteurs ! Cet amour-là n’existe qu’autant qu’on le vit, qu’on en jouit, par conséquent il est absurde d’accepter d’en mourir. La preuve en est que le temps l’use et le détruit. Amour, toujours, c’est une mauvaise rime pour une piètre chanson.
Croyez-moi, le sentiment que nous avons l’un pour l’autre est largement suffisant pour que nous soyons heureux… quelques mois, ou même quelques années, qui sait ? Et si cela ne dure pas, vous aurez au moins vécu une belle aventure, au lieu de vous enliser dans la médiocrité. Quoi qu’il arrive, plus tard vous m’en remercierez. Je vous aurai appris à vivre. Et peut-être à souffrir, mais c’est excellent, et vous êtes assez forte pour le supporter.
Quand j’ai créé, il y a cinq ans, devant l’afflux des riches touristes, une bijouterie à Funchal, j’ai confié la gérance de cette bijouterie à Isabel. Elle avait toutes les qualités requises : belle, élégante, cultivée, parlant plusieurs langues, et ayant une connaissance assez sérieuse des gemmes… C’est moi qui achète, c’est moi qui fais fabriquer les bijoux. Mais il faut certaines qualités pour vendre.
En vérité, elle avait cru connaître l’amour, et elle en ignorait tout… Lorsqu’elle embrassait Bernard, c’était pour lui faire plaisir, à lui. Elle avait toujours cru que c’était cela, le rôle d’une femme : permettre à celui qu’elle aime d’être heureux par elle. Certes, ce n’était pas désagréable, on pouvait même y trouver une certaine joie…
En politique je serais plutôt conservateur, c’est vrai, et les gens ont tendance à juger tout d’une pièce. Je suis à la fois traditionnaliste et ouvert au commerce. J’estime que le passé doit être préservé, les coutumes honorées. Mais je ne vois pas pourquoi mon rang et mon nom m’empêcheraient de fabriquer des conserves !
Je ne peux prétendre vous voir rompre tous vos liens passés pour m’être agréable. Je ne suis qu’un accident dans votre vie comme vous n’êtes qu’un accident dans la mienne… Essayons seulement d’en faire un joli souvenir. Et oublions, ce soir, tout ce qui n’est pas nous.
Je t’aime d’une façon différente. Maintenant, il me plaît d’attendre, je ne suis pas pressé. Un des secrets du bonheur, vois-tu, c’est de savoir se refuser un temps ce que l’on désire le plus. Une grande part du plaisir est dans l’attente…
Les bijoux donnent de la cruauté aux femmes, ils leur font une cuirasse. Ils masquent leur faiblesse. Telle que vous êtes dans votre robe blanche vous avez l’air d’une petite vierge chrétienne que l’on va jeter aux fauves. Cela me glace…
Il m’importe beaucoup ! Amis ou ennemis, il nous faut nous connaître, pour justifier notre opinion réciproque. L’indifférence est un signe de mépris.
L’amour n’existe pas. C’est un effet de l’imagination…