Nous voici cinquante ans plus tard et c'est pour moi un plaisir que d'avoir été sollicitée pour un projet d'esprit si moderne que ce roman graphique. L'histoire est là. Bien sûr, ce roman au rythme enlevé a transformé certains détails de ma vie professionnelle et personnelle. Le mari fictionnel n'a évidemment rien à voir avec mon mari réel et je n'étais pas à l'Observateur une novice hésitante. Mais ce que je retiens, c'est que le résultat pratique, généreux et tonitruant, tant en France qu'à l'étranger, du «Manifeste des 343» femmes gentiment rebaptisées «salopes» par Charlie Hebdo, montre, une fois de plus, que, devant les injustices, on peut agir. Cette «vieille histoire» nous rappelle que les idées les plus simples sont celles qui, parfois, changent le cours des choses. J'ai toujours pensé que c'est par la base que surviennent les grands changements de société. Lorsqu'on s'allie, alors, oui, on peut.
[Extrait de la postface rédigée par Nicole Muchnik, la journaliste du Nouvel Observateur dont le combat a très largement inspiré la présente Bande Dessinée]
Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme.
L'avortement est un délit d'intention. Il suffit que nous trouvions chez vous du matériel qui permette un avortement. (p.59)
Derrière chaque avortement il y a un drame humain. (p.49)
Vous saviez, vous, qu’on pouvait mourir à cause d’une bulle de savon?
Eh oui, il y a des femmes qui ont plus de couilles que certains mecs.
La morale, la bien-pensance, la religion, l'éthique... Tout est bon pour nous dénoncer.
Déjà que c'est l'horreur d'être enceinte et d'avorter, il faut en plus se cacher ! Ne pas faire de vagues ? Y en a marre ! Je vais me coucher... Aucune femme ne devrait avoir à subir ça et pas question que je ferme les yeux.
Une fille violée, une mère qui a déjà 9 gosses et attend le 10e... Derrière chaque avortement il y a un drame humain. Tout ceci est injuste et c'est toujours les mêmes qui trinquent.
Vous savez qu'on les appelle les arrivées du vendredi? Parce qu'elles arrivent la veille du week-end, pour être absentes le moins possible de leur travail... (p.49)