Le Livre des mondes
Hélène Valentin
C'est lui. Il s'appelle Fifrelin. Il bombe le torse comme un ballon tout rond.
Il porte un gilet couleur de ciel d'été et si toutes les poules sont amoureuses de lui, c'est parce qu'il est le seul coq au monde à avoir des dents.
Et devant ses petites amoureuses, il déguste deux bouquets de fleurs des champs, trois abricots potelés et quatre escargots bien gros dont il fait craquer les coquilles entre ses jolies mâchoires.
Le frère et la soeur redescendent sur le bureau de la bibliothèque pour y chercher une plume. En la trempant dans l'encre, ils ont le visage de quelqu'un qui pourrait faire danser le monde entre ses mains.
Il faut dire que les lutins adorent la lecture et qu'ils dévorent les histoires à la façon des petits goûteurs de mots.
Moi, ce que je préfère, dit Zazouille, c'est les sandwich au fromage. Du fromage bien coulant, râpé avec la râpette à fromage, coincé entre deux tranchounettes de gras de cochon à gros bidon. Et pour donner du goût, je rajoute toujours quelques fraises à la crème au milieu. C'est un vrai délice.
La planète est très vaste. Les étoiles et le soleil brillent sur bien des pays. De ma forêt je connais désormais les couleurs au-dessus de mon abri mais je sais que ma place est ici.
La belette relit ses livres de voyage mais elle connait maintenant le parfum de leurs paysages.
Tu as trois roses dans les cheveux et deux étoiles dans les yeux. Des lueurs qui ne viennent que de celles du fond des miens.
J'effleure ton dos et ton souffle dit déjà oui. J'aime tous les possibles de ce mot minuscule, trois lettres sur une fleur et un jardin en cadeau.
Lorsqu'un projet de vie débute, on ne regarde plus défiler le monde comme avant.
On a soudain plus fière allure et tout à espérer d'une existence qu'on voit plus gaie.
On se découvre un petit air favori de grandeur d'âme et un rien de particulièrement joyeux.
Dans une cabane en feuilles de roseaux posée sur l'eau, Monsieur Petitjonc, au bout des doigts tout ronds, prend des nouvelles de son monde.
Un bol de chocolat, deux tartines, trois rayons de soleil sur la gelée de mûres. Voici un joli matin d'été qui clapote.
Il atterrit en douceur au bord de la rivière et reste sans voix devant ce qu'il découvre : le paysage ici n'est pas terminé car les plumes sont en train de le dessiner.
Etre un artiste, finalement, c'est inventer un monde qui n'existe pas encore.
Arrivée là où elle peut voir l'horizon, Plume de Velours plie sa lettre pour qu'elle puisse voler et envoie son invitation au soleil. Le printemps est désormais entre les mains du vent.
C'est ainsi que Luciel et Marie-Kitty aident les rêves perdus à trouver le bon chemin. C'est ainsi que les lutins font que certains matins ressemblent à des matins d'un bleu parfait.