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Citation de PATissot


Les Posten, les Aufseherin et Sára sont dans tous leurs états. Les Américains sont déjà à Chomoutov. Nous repartons à toute vapeur vers Most. Ils nous entraînent dans leur fuite. C'est la deuxième fois déjà que le front manque de nous rattraper, et il nous échappe encore.
Il pleut de plus en plus fort, depuis le début de l'après-midi. Les couvertures dans lesquelles nous sommes emmitouflées sont imbibées d'eau et leur poids nous cloue au plancher du wagon. ( . . . )
Nous passons par un petit village. Devant les maisons, des enfants qui jouent. Ils nous regardent en ouvrant des yeux ronds, nous font signe de la main ; là-bas il y en a qui crient quelque chose. " saluuut ! " Ils parlent tchèque. Ce sont des enfants tchèques. Nous sommes chez nous, en Bohême. Des adultes se sont joints aux enfants, eux aussi nous font signes. " Saluuut ! " Mon Dieu, comme c'est beau d'entendre parler tchèque. Quelle différence entre ces enfants tchèques, qui nous souhaitent la bienvenue, et les morveux allemands qui nous jetaient des pierres quand nous allions au travail !
Nous traversons un bois, là-bas voilà un lièvre qui détale, un écureuil qui saute de branche en branche. La nature et si belle. Même la forêt n'a pas la même odeur qu'en Allemagne. La forêt de Bohème. Si je pouvais être ce lièvre, ou cet écureuil. Vivre en liberté, respirer librement. Comme les bêtes sont heureuses ! Et nous, où allons-nous ? Sára aurait-il tout de même trouvé le chemin de Flossenbürg ? Peut-être sont-ce là les derniers arbres que je verrai. Le dernier petit bout de liberté. Demain peut-être que je ne serai plus en vie. Y a-t-il une chambre à gaz à Flossenbürg aussi ? Ah, sauter du train, me cacher dans la forêt, fuir !
Nous nous sommes arrêtés brièvement dans une gare tchèque. Les gens accourent autour de notre train, nous lancent du pain blanc. Mon Dieu comme ils sont gentils ! Tous parlent tchèque, ils disent que la fin est proche.
Et nous repartons. Il pleut toujours, mais je ne le sens pas. Cela m'est égal.
( . . . ) Les gens auraient tellement envie de nous aider. Pourquoi Sára ne veut-il pas laisser faire ? Une fille, une demi-juive, a son père et sa mère ici à Klatovy. La nuit dernière, elle a entendu appeler son nom. Elle pourrait peut-être s'évader, mais elle est très malade. Elle était restée au Revier depuis Noël. C'est terrible, pour elle et pour ses parents aussi. Si près de la maison, sans nourriture, sans secours.
On nous a reléguées dans une autre gare. La mère de la jeune fille est là, face au convoi depuis ce matin. Elle a supplié Sára et les Aufseherin, même la blockova serait d'accord pour sortir la fille du train et la laisser là, puisqu'elle est tellement malade. Mais Sára ne le permettra pas, il n'a même pas voulu laisser approcher la mère.
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