Avant qu'on ne la condamne à nous divertir, la musique nous guérissait. Avant
qu'on nous l'injecte par les écouteurs sans qu'elle ne passe par l'air- ce qui est
normalement sa nature, ce vol de là d'où elle part jusqu'au labyrinthe de notre
tympan-, la musique était magique.
La berceuse est l'ultime survivance de ce temps où la musique était encore
de la sorcellerie, où la musique guérissait. La berceuse a son heure. La
berceuse est entre celui qui la chante et celui qui s'endort sous le frôlement
de son vent léger. (p.73)