Henri Bourgenay

Tout dénote en cet adolescent pâle et blond une fierté inflexible, une hauteur qui le gaine comme une armure, et contre quoi la sympathie achoppe, au premier abord. Son regard soutient celui d’Étienne avec une fixité qui ressemble à un défi. D'emblée, le jeune chef comprend qu'il y a en ce garçon ombrageux, douloureux peut-être, une personnalité attachante et forte.

Il ne faut pas généraliser. Beaucoup d'émigrés sont dignes de respect ; ce sont d'ailleurs le plus souvent des nobles de province, peu fortunés, qui vivent ici dans la gêne ou même la misère. J'en sais qui sont retournés dans leur Normandie, leur Auvergne ou leur Gascogne natale pour être présents sur le terrain.

Tu vois qu'on peut être un Républicain sincère et avoir de l'estime et même de la sympathie pour de fieffés Royalistes : tout n'est pas noir de votre côté et tout n'est pas blanc du nôtre. Il y a de sacrées crapules dans notre camp, et de foutus salauds chez vous.

Même les instruments de musique tombèrent en disgrâce. Plus de chants, plus de rires. Et cette exécrable patache, cahotante, inconfortable, leur brisait les reins.

Mais ce qui compte, je crois, c'est de faire ce que nous dicte notre conscience, là où les circonstances nous ont placés.

« Pourquoi tant d'horreurs ?

« Pourquoi tant de raisons de haïr, alors que nous ne voudrions qu'aimer ?

Ses vêtements de paysan, sans signes distinctifs, le mettent à l'abri de tout soupçon.

« Pourquoi tant de raisons de haïr,alors que nous ne voudrions qu'aimer ? »