A des kilomètres de cette ville au quotidien survolté, une bâtisse surplombe l'océan. Les embruns parfument l'air, la végétation s'abrite derrière des rochers aux alvéoles brutes et blanches. L'herbe se couche devant le silence, seul le vent danse; tourbillonne, s'engouffre et siffle sa romance.
Je caresse la fine dentelle blanche brodée sur le vélin. Le sourire de ses lèvres gourmandes rouge-carmin que jalouse Satan est le préliminaire. Avant que la plume ne la griffonne, mes doigts passent harmonieusement sur ses contours cherchant le galbe. Aucune courbe, mais quatre angles affutés. Ils me donnent un point de départ. Avant de la piquer, ma paume s'imprègne de sa douceur. Sa virginité rayonne sous la douceur de la lampe. Elle s'ouvre peu à peu pour s'imprégner de l'encre qui la pénètre. Le liquide jaillissant au plus profond de son être, la macule de taches auréolées de mots.
Un vent chargé d'humidité balaye le quai et des nuages traversent le hall ouvert. Ils ressemblent à das oiseaux migrateurs qui tracent leur chemin sans se préoccuper du paysage.