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Citation de Mokuji


"Son royaume n'était pas de ce monde, il était de celui de l'imaginaire, de celui des enfants. Il était cette page vierge sur laquelle ne sont point encore inscrits les graffiti exprimant les préjugés sociaux et les lieux communs d'une époque. C'était le monde du désir et non celui des automatismes, le monde de la créativité et non celui du travail ou de la leçon bien apprise. Celui qui pourrait être aussi le monde des Hommes et celui des lys des champs. Nous lui avons préféré celui de César et des pièces de monnaie, celui de la dominance et de la marchandise. Nous lui avons préféré le monde de la « culture » puisque celle-ci n'est en définitive que l'ensemble des préjugés et des lieux communs d'un groupe humain et d'une époque. L'enfant est inculte et c'est bien là sa chance. Il est énergie potentielle et non cinétique, homogénéisée. Dès qu'il entre dans la vie, ses potentialités vont s'actualiser, se figer dans des comportements conformes, envahies par l'entropie conceptuelle, incapables de retourner à leur source, de remonter le cours du temps et de l'apprentissage. Alors que le sol vierge de l'enfance pourrait donner naissance à ces paysages diversifiés où faune et flore s'harmonisent spontanément dans un système écologique d'ajustements réciproques, l'adulte se préoccupe essentiellement de sa mise en « culture », en « monoculture », en sillons tout tracés, où jamais le blé ne se mélange à la rhubarbe, le colza à la betterave, mais où les tracteurs et les bétonneuses de l'idéologie dominante ou de son contraire vont figer à jamais l'espace intérieur."
Henri Laborit, Éloge de la fuite, p.59-60
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