AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Yantchik


Je passai par le Japon vers la troisième heure. Il y avait à ce moment, en effet, le jeu du brouillard comme il se joue au Japon, suivant ce que nous en ont décrit les peintres. Du blanc se détache du ciel, ici et là, et descend.
Voici le jeu du brouillard : il prend un arbre ici, là une montagne, un autre dans la vallée prend un mouton brun, il le fait avec grâce, lui laisse sa forme, seule la laine paraît perdue, un autre plus loin prend trois eucalyptus, mais très peu après, tchip!.. on les revoit, on les retrouve, les revoilà, le troisième déjà presque entier, et au delà à droite, un qui va être pris, un autre derrière qui en revient à l'instant, qu'on regarde tout ému.
Les plus légers brouillards cachent une cuadra ou deux de cannes à sucre, ou un jeune arbre encore blanc.
Tous les tableaux japonais paraissent des résurrections. Ces brouillards portent et apprennent singulièrement à regarder, attendrissent notre regard, attendu donc que le visage de la nature et du minéral même n'est pas si dur ni si inébranlable qu'on le connaissait, mais faible, désemparé, et sujet à autant de troubles que le corps d'une femme, et ainsi on les suit avec sympathie. Il y a aussi le petit nuage collant. Il reste dans un trou tout le jour, ou se tapit dans un coin de pâturage, et il suce une brebis, à fond.
Commenter  J’apprécie          50









{* *}