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Citation de SZRAMOWO


La disparition brutale de Pouchkine a servi sa légende. Il n'a pas connu l'empâtement physique et moral, les cheveux blancs, le petit ventre, la faiblesse de la vue, les honneurs enfin. C'est en pleine santé, en pleine force qu'il s'est envolé, arraché par un coup de vent. Il y a un contraste saisissant entre ce destin de désordre et cette œuvre de mesure. S'il avait écrit comme il vivait, Pouchkine eût été un poète romantique, inégal dans son inspiration. S'il avait vécu comme il écrivait, il eût été un homme pondéré, sensible et heureux. Il n'a été ni l'un ni l'autre. Il a été Pouchkine.

Plus d'un siècle et demi après sa disparition, il demeure, pour les Russes, paradoxalement, vivant, avec ses frasques, ses illuminations, sa gouaille et son génie. Et si sa poésie perd - hélas ! - les trois-quarts de son charme dans les traductions, il mérite l'admiration unanime pour ce qui émane encore de lui à travers les écrans trompeurs des langues étrangères. Quand on examine la vie de Pouchkine, on peut y déceler un roman d'amour entre lui et l'Europe. Il avait la nostalgie de l'Occident, souhaitait se rendre en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Espagne, évoquait ces pays dans ses œuvres, mais le despotisme de Nicolas 1er lui interdisait de quitter la terre russe. Il avait été fortement marqué par les littératures française et anglaise, mais batailla pendant vingt ans pour échapper à leur influence. Il souffrait en Russie et voulait être russe jusqu'aux racines. Ses premiers vers furent écrits en français et ce fut un Français qui le tua.
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