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Citation de coco4649


ARÉTHUSE
FLÛTES D’AVRIL ET DE SEPTEMBRE


LE FAUNE AU MIROIR
Extrait 2

Et puis des sables gris après des sables roux,
Les monstres du Désir, les monstres de la Chair,
Et, plus loin que la grève aride, c’est la Mer.
Tristesse, j’ai bâti ta maison, et les arbres
Ont jaspé le cristal des bassins comme un marbre ;
Le cygne blanc y voit dans l’eau son ombre noire
Comme la pâle Joie au lac de ma mémoire
Voit ses ailes d’argent ternes d’un crépuscule
Où son visage nu qui d’elle se recule
Lui fait signe, à travers l’à jamais, qu’elle est morte ;
Et moi qui suis entré sans refermer la porte
J’ai peur de quelque main dans l’ombre sur la clé ;
Et je marche de chambre en chambre, et j’ai voilé
Mes songes pour ne plus m’y voir ; mais de là-bas
Je sens encor rôder des ombres sur mes pas,
Et le cristal qui tinte et la moire que froisse
Ma main lasse à jamais préviennent mon angoisse,
Car j’entends dans le lustre hypocrite qui dort
Le bruit d’une eau d’argent qui rit dans des fleurs d’or
Et la stillation des antiques fontaines
Où Narcisse buvait les lèvres sur les siennes
Par qui riait la source au buveur anxieux ;
Et je maudis ma bouche, et je maudis mes yeux
D’avoir vu la peau tiède et touché l’onde froide,
Et, quand mes doigts encor froncent l’étoffe roide,
J’entends, de mon passé bavard qui ne se tait,


p.28
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