A l'âge de quatorze ans, je partis pour l'Ouest — poussé par mon goût pour les voyages. J'y restai près de deux ans, et je retournai à Montréal, d'où j'allai bientôt à New-York. Mais, avant ce départ, ma bonne tante me fit aller à confesse — « pour me nettoyer » — disait-elle. J'y allai sans murmurer. — Ce fut alors, en plein confessional, que la cheville ouvrière tourna en moi et opéra chez moi une grande révolution. Au moment où le confesseur récitait l'absolution, en latin, une voix parfaitement audible me dit en français à l'oreille : — « N'y crois rien ! » Je regardai immédiatement de chaque côté du confessional pour voir le farceur qui venait de me souffler ces trois mots. Il n'y avait personne I
Si à beaucoup d'entre vous, lecteurs, on disait, que vous rendez aussi des services de ce genre à vos semblables, durant votre sommeil surtout, quand vos esprits se dégagent plus ou moins de la matière — vous souririez peut-être d'incrédulité — mais cela n'empêcherait pas le fait d'être vrai. Donc, l'incrédulité ne signifie rien, n'arrête rien.
Les expériences d'un ordre physique surtout, que nous eûmes à Montréal, entre amis, furent parfois très puissantes. De lourdes tables étaient enlevées de terre jusqu'au plafond, sans contact, ou montaient et descendaient de longs escaliers. Bientôt les esprits s'emparèrent de ma main et me firent dessiner. On me parlait aussi; mais je résistai durant quelque temps avant d'admettre que ces voix étaient indépendantes de mon être. C'est un peu le fait de la plupart des médiums. On ne se rend qu'acculé au pied du mur.