Il joue l’œil espiègle
Il joue l’œil espiègle sourire aux joues Malicieux
Son visage s’éclaire Il court Je le regarde en ses yeux grands
Ouverts Cette joie Mon regard en retour
Dessine toutes les couleurs du ciel lumineuses sur l’oiseau
qui s’enfuit Hors de cage il s’envole Je le suis Ses yeux
brillent dans le plein du désir
L’enfant colore mes jours respire en moi définit les lumières
du père Il bondit rit et trépigne Prend des allures de héros
quand il joue
Et soudain s’interrompt dans le jeu et dit je serai commando
Se rapprocher
Il faut rejoindre le silence
le mouvement des eaux
l'ombre des branches sur le sol
Glisse-toi entre les arbres
Mêle ton ombre à la floraison des vergers
Plonge tes mains dans la rivière
A grande bouche embrasse l'air
Tu dois te rapprocher de la matière du monde
Et avec les oiseaux oser
la liberté des ailes
La joie du regard
Dire les mots dans tes mains
voir fleurir sur la page
un songe
en forme de nuage
Comme un poème écrit
dans le trajet des doigts
au matin d'un jour neuf
Promesse et désirs révélés
à la joie du regard
Traverser les verts territoires
Bruyères arbres et fougères
Entre les ombres
les éclaircies fugaces
Pénétrer la forêt
c'est avancer en toi
Pour percevoir ce monde
Que tu ne peux entendre
Tant le bruit d'un autre monde
te corrompt tous les sens
Autre
mais ne pas être
l'autre
Mais dans ta peau
toi seul
Comme chaque univers vivant
Ces êtres qui marchent
à tes côtés si près
si différents
Et semblable à toi
Rester debout
telle est notre promesse
Et dans la langue vive
rehausser notre part d'ivresse
Les yeux
au plus vrai du visage
Facteur
La porte de la maison
trois pièces de huit pieds
Demi-fenêtre demi-porte
ouverte sur un ciel de cour
Haut de la porte forgée
Angelots et lys noirs
où se mêlent par deux fois
certains jours entre fer et carreau
du courrier.
Fine
Il avance chemine manœuvre
L’impasse est un port
Les yeux des enfants chalands sur la jetée
Il tire des bords le bel
Pas pressé d’arrimer sa chaloupe à quai
À bout Fine l’attend Une bretonne
râblée stable sur ses deux jambes
sourire en travers La soupe est froide
Pas toujours facile
Au creux de l'attente
Présence immobile et
pesante dans le fossé
du lit qui digère l'attente.
Chambre après chambre
alités au fauteuil debout
égarés d'un invisible ailleurs
les vieux
dont certains tendrement nous veillèrent.
Seul
devant l'immensité du ciel
la lumière
ou le sombre augure des nuages
te griffent te lézardent le coeur
Que tu regardes tes mains
ton visages ton corps
le miroir s'incline
comme au jour
finissant de l'été