Hilda Lawrence

Petite incursion dans le passé avec Le pavillon paru aux États-Unis en 1946, puis traduit par le Masque en 1995. Hilda Lawrence n'a pas marqué l'histoire du roman policier, on peut cependant noter qu'elle a pu, bien que née en 1906, être publiée sans le recours à un pseudo d'homme, à une époque où le polar était une affaire virile et misogyne. Mais il vrai que ses intrigues feutrées et familiales, sont plus proches d'Agatha Christie que de Dashiell Hammett ou William Irish à qui elle ne porte aucune ombre.





Regan, pauvre jeune fille récemment orpheline de mère, reçoit une lettre de son cousin Heath, qui l'invite à venir vivre chez lui en lui laissant entendre qu'elle pourrait devenir son héritière puisqu'il est sans enfant. A son arrivée, uniquement munie de ses pantoufles à tête de lapin, de son sac à mains à la doublure déchirée, contenant la lettre de Heath, son chapelet en or et trente dollars, ses seules économies, Regan trouve toute la maisonnée en grand deuil puisque Heath est mort la veille. 319 pages plus tard, à l'issue d'une partie de Cluedo jouée à huis-clos dans la demeure familiale, le lecteur connaît la vérité sur la mort du cousin ainsi que sur celles, plus anciennes, d'autres membres de la famille.





Il s'agit d'un roman qui a pris quelques rides, au style immobile, encore alourdi par l'usage immodéré de l'imparfait du subjonctif et autres tournures de phrases tarabiscotées alors en vigueur. Une énergie phénoménale est nécessaire pour mémoriser le très grand nombre de personnages, ainsi que leurs liens familiaux enchevêtrés et devenus inextricables au fil des générations. Les descriptions de la maison, de son mobilier, des arbres du jardin ou des repas sont interminables et redondantes, les dialogues paraissent artificiels, plus écrits que parlés. Enfin, je n'ai pas réussi à m'intéresser au sort de cette famille antipathique, confite dans son jus, qui entretient à n'importe quel prix une légende d'origines vaguement aristocratiques, vit d'oisiveté et de rentes, et dont la seule évolution depuis des siècles est de recruter des domestiques blancs et non plus uniquement noirs, parce qu'en 1946, ça commence à faire jaser !