La lune était lumineuse dans le ciel troublé, un fin croissant de lune. Sa blancheur évoquait dans l’esprit de Mai ce vieux poème que Yann lui avait lu ; elle en avait appris quelques vers pour les avoir toujours avec elle, car avec un poème, on n’est jamais seul – rêvons, c’est l’heure – il parlait d’un saule – c’est l’heure exquise – d’un saule noir qui pleure. C’était de mauvais augure, pourquoi fallait-il qu’il ait choisi ce poème et pas un autre ? Les hommes n’ont aucun discernement, très intelligents, mais sans sagesse. S’il avait préféré un sonnet clair et joyeux, peut-être l’histoire aurait-elle été différente ; mais non, c’étaient la lune et le saule qui l’avaient séduit et tout était bien. Elle ne regrettait rien puisqu’ils avaient eu une journée entière, et la vie n’est-elle pas comme une journée ?