Howard A. Norman

"Une nuit je refaisais le monde avec mes voeux" ...

"Dire le nom c'est commencer l'histoire" ...

"Les histoires sont des êtres vivants. On pourrait écrire la biographie d'une histoire cree (...)"



Perception du monde, immersion, interaction naturelle par le nom, le verbe, le conte, le voeu : oreilles grandes ouvertes, et plus encore la bouche, et l'esprit, pour cette plongée en poésie orale cree, en compréhension des choses inspirée et joueuse.



S'il n'offre pas de la poésie amérindienne traditionnelle une vision d'ensemble aussi riche et diverse que par l'exemple l'anthologie à géographie élargie "Partition rouge", le recueil L'os à voeux nous fait donc la grâce d'une immersion prolongée dans la culture et l'esprit des Indiens Crees, en présentant plusieurs cycles poétiques complets (tel "L'os à voeux", série de récits narrant les tours, farces et mésaventures d'un homme doté du pouvoir de changer l'ordre des choses – ou ce cycle de poèmes liant ensemble le nom d'une personne, sa personnalité et une histoire signifiante lui étant survenue, l'unité d'un être atteinte et dévoilée en l'espace d'une parole).

Alors bien sûr, la conscience occidentale avance à pas respectueux dans ce recueil estampillé hybride ethno-poétique, n'oubliant pas que sont couchées là sur nos feuillets d'arbres morts des paroles créées à l'origine pour vivre dans l'oralité, et se demandant pourquoi diable, alors qu'il s'agit d'une entreprise assez récente pour qu'on puisse dans bien des cas identifier le poète-conteur-créateur (qui souvent apparemment travailla de concert avec le poète-transcripteur-recueilleur, en vue de constituer le présent ouvrage), pourquoi donc le dit recueil ne porte que le nom de Howard A. Norman, sans pousser jusqu'au bout, aux honneurs de la couverture, la démarche de respect mutuel ? Alors donc la langue, après avoir goûté la saveur des paroles de L'os à voeux, apprend également à prononcer le nom du conteur Nibénegenesabe... Justice au nom, tandis que les histoires nous parlent de justesse des noms et des mots, et de tout un monde à éprouver et comprendre.

Après avoir lu quelques livres de fiction se déroulant dans le grand nord, j'ai souhaité découvrir ces cultures à travers des contes traditionnels inuits. Rien à voir avec nos contes traditionnels cependant, les contes inuits et indiens sont complètement différents de ce que nous pouvons avoir l'habitude de lire et parfois sans queue ni tête. L'auteur nous met d'ailleurs bien en garde à ce sujet, et cela semble faire partie intégrante de leur culture, ce qui contribue d'autant plus à nous immerger dans ce monde méconnu.

Je connais assez mal les contes esquimaux. J'ai souvent l'impression qu'ils sont un peu absurdes. Ca a de bons côtés - pour l'humour, pour l'originalité, pour l'absence de morale lourde - mais ça manque de cohérence et de caractérisation. Ce livre réussit à avoir les avantages sans les inconvénients. Ce sont des contes de conteur, et même si l'auteur donne des origines folkloriques, il précise bien qu'ils ont été adaptés, par les conteurs eux-mêmes, pour être pas forcément incroyablement proches des sources, mais le plus agréables à entendre possible.



Les passages d'humour, bien que parfois peu subtils, m'ont vraiment fait rire (le shaman maléfique à la chemise puante qui finit toujour par servir de ballon pour morses !). Les scènes de vie quotidienne sont de la documentation utile sur la vie des peuples du nord, mais contrairement à d'autres livres que j'ai vus qui les inséraient de façon moins adroite, elles ne servent pas un but purement didactique. Elles nous montrent aussi la caractérisation des personnages, les liens de famille, la vie qu'ils vivent avant que le conte commence - et parfois même alors qu'il se déroule, certaines histoires sont presque du réalisme magique sans grandes aventures. Les liens familiaux, d'ailleurs, bien que pas vraiment proches de ce qu'on connaît - la vie est très différente - me semblent plus réalistes que dans beaucoup de contes que je connais. Et donc, le surnaturel ne suit pas des schémas prédéterminés, ou en tout cas des que je ne connais pas, et je ne peux pas prévoir comment les histoires vont finir.



De façon notable, on retrouve aussi dans un contes les influences de la culture chrétienne, avec Noe qui s'échoue sur la banquise avec son arche et qui a l'air ridicule.



En bref, je le recommande.

Bonjour et bienvenue à nouveau de l’univers fascinant des contes du monde entier, toujours aussi riche et fascinant, nous partons cette fois dans le Grand Nord au pays des chasseurs de phoques.



Avant de vous présenter mes contes favoris dans ce recueil, penchons-nous un peu plus sur les circonstances de la création de ce livre. Il est le fruit d’un énorme travail de la part de plusieurs conteurs, traducteurs et autres. Sans ces personnes... lire la suite sur le blog : http://glowmoonlight.unblog.fr/2010/01/19/10-contes-du-grand-nord
Lien : http://glowmoonlight.unblog...