Voilà le doute…
Voilà le doute qui l’ébranle
sa bouche qui se défait
ses yeux qui se plissent
comme si l’âge ne l’avait pas raidie
qu’elle était de l’argile humide entre
les mains du manque et du jamais connu
elle rien d’une écolière submergée de baisers
ou d’une mère troublée par le regard
insistant effronté d’un étranger
mais dans sa neuvième décennie
résignée à la répétition et à ses
promesses fades
avoir écrit au plus profond de ce
visage déjà écrit
je m’en émerveille
/traduction Pascale Drouet,
La Tragédie déteste la politique. La tragédie déteste les bonnes intentions. Elle déteste stout ce qui démontre la solution. Elle déteste donc l'industrie du plaisir, l'industrie des loisirs, l'industrie de l'harmonie et l'industrie de la réconciliation. La tragédie est le spectacle de la douleur rendue exquise par l'art. Par conséquent, tout homme politique, sociologue, réformateur social, tous ceux qui aspirent au plaisir et au bruit la détestent. Le son de la tragédie est le silence brisé par la voix humaine. La voix humaine n'est pas un bruit. La vision de la tragédie est le corps humain empalé sur un axe de douleur. La danse n'est pas de la tragédie. La tragédie doit être la parole. Le bruit et la danse sont les rythmes alarmants des démocraties qui s'effondrent de par leur simple ambition absurde.
STARHEMBERG : [...] Sauveur, vous avez dit ?
Rédempteur, par là ?
Non, je n'ai pas saisi, tellement l'accolade est assourdissante. (Il tripote la première mendiante) Baise avec moi, j'embrasserai tes croûtes, je serai un Christ pour toi, un Christ vieillissant qui a échappé à la crucifixion.
PREMIERE MENDIANTE : Oh, tape-toi une branlette, j'en ai fini de fricoter.
STAREMBERG : Fricoter, c'est ce qu'elle appelle l'amour... !
DEUXIEME MENDIANTE (le menaçant de près) : Rien n'excite plus ma violence, monsieur, qu'un snob décadent que la misère noire fait bander.
Ils vont mettre la toile sur une péniche qui va descendre le canal, comme une bombe effroyable douillettement nichée dans une bâche, puis ils la déchargeront pour la porter dans le palais où siège la puissance politique, et ce sera une déchirure dans leur cerveau, une explosion dans leurs boyaux, et je serai châtiée d'avoir hurlé la vérité en des lieux où la vérité n'a pas droit de cité.
Et puis il
y a eu cette ombre immense qui a rompu la ligne
de la montagne. Une ombre dans le vent. Et les
troupes s'avancèrent
s'avancèrent
s'avancèrent
dans l'horreur."