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Citation de enkidu_


Ce fut une guerre contre un ennemi incroyablement cruel. L’Allemagne de Hitler portait le totalitarisme, le racisme, le militarisme et l'agressivité à un niveau qu'un monde pourtant ultra-cynique avait ignoré jusque-là. Mais les gouvernements alliés - Anglais, Américains ou Russes - étaient-il si radicalement différents que leur victoire pût suffire à balayer l'impérialisme, le racisme, le totalitarisme ou le militarisme de la surface du globe ?
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Ce qui apparaissait surtout à cette époque était la différence entre les États-Unis, démocratie dotée de libertés, et l'Allemagne nazie, dictature qui persécutait sa minorité juive, emprisonnait ses dissidents et proclamait la supériorité de la « race » aryenne. Néanmoins, à considérer l'antisémitisme en Allemagne, les Noirs ne pensaient sans doute pas que leur situation aux États-Unis en était si éloignée. D'ailleurs, les États-Unis s'étaient faiblement opposés aux politiques de persécution menées par Hitler.
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Ce n'est pas la barbarie de Hitler vis-à-vis des Juifs qui fit entrer les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale - pas plus que le sort des quatre millions d'esclaves noirs n'avait entraîné la guerre de Sécession en 1861. L’agression italienne contre l’Éthiopie, l'invasion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie par Hitler, son offensive contre la Pologne n'y furent pour rien elles non plus, même si elles conduisirent Roosevelt à aider considérablement les Anglais. Ce fut le bombardement par les Japonais de la base navale de Pearl Harbor, à Hawaï, le 7 décembre 1941, qui déclencha rentrée en guerre des États-Unis.
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Tant que le Japon était resté un membre respectable du club des puissances impérialistes qui, par le biais de la politique de la porte ouverte, exploitaient conjointement la Chine, les États-Unis n'avaient jamais émis la moindre critique. Il existe des notes américaines échangées avec le Japon en 1917 qui déclarent que « les États-Unis reconnaissent les intérêts spécifiques du Japon en Chine ». En 1928, si l'on en croit Akira Iriye (After lmperialism), les consuls américains en Chine accueillirent positivement l'arrivée de troupes japonaises. Les États-Unis commencèrent à s'inquiéter lorsque le Japon se mit à menacer les marchés potentiels américains en Chine par sa tentative d'annexion totale de la Chine et surtout par son implantation dans le Sud-Est asiatique. À l'été 1941, les Américains mirent en place des embargos stricts sur le fer et sur le pétrole, mesures qui provoquèrent finalement l'attaque japonaise sur Pearl Harbor.
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Pearl Harbor fut présenté à l'opinion publique américaine comme un acte soudain, surprenant et immoral. Immoral comme tout bombardement, cet acte n'était en revanche ni soudain ni surprenant pour le gouvernement américain. Russet affirme que « l'agression japonaise contre la base navale américaine venait couronner une longue série d'agressions mutuelles entre le Japon et les États-Unis. En se lançant dans une politique de rétorsion économique contre le Japon, les États-Unis agissaient d'une manière que l'on considérait, même à Washington, comme comportant de sérieux risques de guerre ».
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L'un des juges du procès pour crimes de guerre qui se tint à Tokyo après la Seconde Guerre mondiale, Radhabinod Pal, s'éleva contre l'ensemble des verdicts rendus à l'encontre des responsables japonais. Il affirmait que les États-Unis avaient à l'évidence provoqué la guerre avec le Japon et qu'ils avaient espéré que le Japon réagirait. (pp. 462-466)
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