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Citation de Emily5F


"-Mais voyons, tu sais comment ça se passe, et depuis des générations...
A la moindre marque de disgrâce, le condamné n'attend pas que son corps supplicié soit traîné aux Gémonies, et ses biens, confisqués. Il organise une soirée d'adieux, se fait ouvrir les artères des poignets - et non pas les veines, comme l'écrivent les historiens qui ne se sont pas encore donné la mort...
- Quelle différence entre veines et artères ?
- Les unes sont grosses, et les autres, petites.
Bref, tandis que le sang s'écoule, le suicidé cherche de nobles paroles, qui resteront en mémoire, lègue quelques objets précieux à l'empereur, qu'il remercie de ses bons soins, laisse un gros paquet au Préfet du Prétoire et à quelques autres nécrophages, offre à boire au centurion qui a, comme par hasard, fait cerner sa maison pour qu'il ne puisse s'échapper que les pieds devant.
Il résulte de cette prévenance que l'empereur serait un méchant tyran de confisquer les biens d'un homme que personne n'a encore jugé ni condamné, et le testament est d'ordinaire respecté.
En outre, l'empereur dira d'un ton bonhomme : "Quel dommage ! Qu'est ce qui lui a pris ? Je n'avais pourtant pas si fort froncé les sourcils. Que n'a-t-il escompté ma clémence ? J'aurais à ce jour un obligé de plus..."
Mais un courtisan suggérera : "Il n'aurait pas appelé le chirurgien s'il ne s'était pas senti plus coupable qu'on ne pense". Et l'empereur hochera la tête avec une tristesse dubitative.
Ainsi, tout le monde est content : le Préfet du Prétoire aura fait une affaire de plus, le centurion aura bu du meilleur, l'empereur caressera son bronze de Corinthe sans qu'il y aille de sa faute, et le condamné aura soustrait ses biens au pillages à toutes fins utiles".
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