J’ai envie de dire, me REVOILÀ ! Ça fait un moment que je n’ai pas écrit de chroniques … Et je reviens avec un article sur un roman coréen que Babélio et la maison d’édition Decrescenzo m’ont permis de lire (et j’avoue que je vais surement me faire un coin bibliothèque Decrescenzo tellement leurs ouvrages sont beaux et coréens).
J’ai donc eu la chance de découvrir le roman Nana à l’aube de Hyoung-Su Park. Cet ouvrage est sorti en octobre 2016 en France chez Decrescenzo. Il s’agit d’une quête initiatique, d’une belle tranche de vie et d’un voyage en Thaïlande. Je vous laisse partir avec moi là-bas, le temps d’une chronique ensemble et qui sait, le temps de la lecture de Nana à l’aube …
Synopsis
Le théâtre des événements est Sukhumvit, le plus vaste quartier chaud de Bangkok, et plus précisément la station Nana. Le récit se déroule autour de la relation entre Léo, un Coréen, et Ploy, une prostituée de haut rang. Pour être plus précis, il s’agit de l’amour unilatéral du jeune homme pour celle-ci. Au départ, la Thaïlande n’était pour Léo qu’une escale d’un voyage vers l’Afrique. Mais, tombé amoureux de Ploy, il finit par s’installer chez elle et ses camarades qui, sans gêne, profitent de lui.
Pour autant, ce roman n’est pas une simple histoire d’amour. L’œuvre est constituée de l’assemblage de toutes les histoires des individus du quartier vues à travers le regard de Léo. En effet, les parties les plus fascinantes de ce roman, on les trouve dans la description des personnages. Dans le quartier impitoyable où ils vivent, ils portent tous leurs propres plaies : Ploy, devenue prostituée après s’être fait violer par ses frères quand elle était petite ; Som, trafiquante de drogue ayant charge de famille ; et bien sûr Léo, habitué jusqu’alors à sa vie rangée de citadin, qui va découvrir les histoires inimaginables que renferme ce quartier crasseux et moite, et pourtant plein d’humanité.
Mon avis
« Si on compare l’âme avec une racine de cheveu, la vie est une cheveu que cette racine a en rêve. »
J’ai eu la chance de lire Nana à l’aube à la suite du Masse Critique Babélio, je n’avais pas choisi beaucoup d’ouvrages car celui-ci me tentait énormément et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord il s’agissait d’un roman coréen, je ne connaissais ni l’auteur, ni la maison d’édition spécialisée dans la littérature coréenne. Un besoin fou de découverte se faisait sentir ! En plus la couverture est sublime et le sujet original : partir faire le tour du monde après ses études et finalement rester en Thaïlande avec des prostituées … Comment et pourquoi ?
Quelle joie d’avoir choisi ce titre ! Il est inoubliable tant par sa qualité narrative que son style. On parle d’un sujet délicat et difficile mais le texte est beau, quasi poétique, malgré les moments crus qui passent très bien. Le mélange de la réalité et de ce que pense Léo, le protagoniste, nous permets d’avoir une réalité vue par le prisme de l’amour ce qui altère le caractère triste et peu enviable de la situation de ces femmes qui entourent Léo.
La description de Bangkok, de Sukhumvit Soi 16 et de la station Nana semble fidèle à la réalité. L’auteur nous dévoile un quartier pauvre où la drogue et la prostitution règnent en maîtres. Malgré tout, on a envie de découvrir cela par nous-même à la fin de notre lecture.
« Juger de la nécessité ou non de la prostitution, est un sujet noble, mais cela peut éclipser le fait que, pour certaines personnes, elle constitue un moyen de subsistance. Ces dernières vivent à leur manière, et qu’on soit pour ou contre leur mode de vie, elles font partie intégrante de notre société. »
Nana à l’aube, c’est l’histoire de filles peu chanceuses qui ont fini par se prostituer, c’est l’histoire d’un coréen parti en voyage avant de rentrer dans la vie active, c’est l’histoire de vies, d’amour et des rêves. L’auteur condense ici des émotions universelles tout en montrant qu’il s’agit d’un cas particulier.
« Etre humain n’est pas chose facile. Aucun geste, aussi infime soit-il, n’est jamais fait par hasard. Même si on se promène sans but apparent, au hasard des rues, il y a toujours un objectif caché, provenant du tréfonds de nos expériences géographiques, de toutes sortes d’informations intuitives et de notre représentation de l’espace d’après les différents paramètres à notre disposition. »
Je tiens également à souligner la qualité de l’édition. Le papier est qualitatif, épais, agréable au toucher mais c’est sans parler de la couverture dont la papier à grain est vraiment sublime ! Un roman qui signe une performance écrite et visuel.
En bref, un roman très chargé en émotions, qui ne laisse aucun répit à son lecteur et qui marque les esprits de façon durable par la beauté du texte.
« Il faut oublier tout ce qui est inutile, comme la rancune, la morale et profiter. C’est là le plus grand devoir de l’humanité. »
Maintenant, je meurs d’envie de découvrir L’escargot est lent mais il n’est jamais en retard de Jung-Mok & Zombies, la descente aux enfers de KIM Jung-hyuk aux éditions Decrescenzo également.
Lien :
http://chickon.fr/2017/03/01..