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Citation de yannickrenard


Et j’étais seule ! C’était le plus important ! « L’isolement finit par être un amant, la solitude est un péché mignon. » Où avais-je lu cette phrase ? Qui l’a écrite ? C’est exactement ce que j’éprouvais – ce que j’éprouvais déjà dans mon enfance, tant que je n’ai pas été contrainte d’« entrer dans le bain », de « me mêler à la foule », d’être une fille « dans le vent ». Et quel gâchis dès qu’il s’agissait de ne plus être seule ! J’écarte en haussant les épaules le souvenir de ces échecs. Tout le monde n’est pas obligé de vivre avec un tas de gens. Les peintres, les écrivains, les musiciens sont des solitaires. Sans oublier les hommes d’Etat ni les grands chefs militaires. Il faut toutefois ajouter, pour être honnête, qu’il en est de même des criminels et des fous. Restons modestes et disons simplement que les individus authentiques sont des solitaires. Ce n’est pas une vertu, ce serait plutôt le contraire. Si l’on est un membre utile de la tribu, on a besoin de partager, d’échanger. Le fait que j’étais heureuse seule indiquait certainement un défaut de caractère, une tendance à la névrose.
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La vie américaine est complètement désorganisée par les orages, la neige et les ouragans. Quand les voitures des Américains ne peuvent plus se déplacer, la vie s’arrête et quand les fameux horaires ne peuvent plus être observés, ils sont pris de panique, ils atteignent le paroxysme du sentiment de frustration, ils assiègent les gares, ils embouteillent les téléphones interurbains, ils laissent leur radio allumée en permanence, à l’affût de la moindre bribe de réconfort. Je pouvais imaginer le chaos sur les routes et dans les villes, et je m’installais douillettement dans ma solitude.
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Le simple fait de vivre, quelle chose précieuse ! Si je sortais de là, je ne l’oublierais jamais plus. Je serais reconnaissante pour chaque souffle d’air que je respirerais, pour chaque repas, pour chaque nuit où je sentirais la fraîche caresse des draps, la paix d’un lit derrière une porte bien close. Pourquoi n’avais-je jamais connu cela auparavant ? Pourquoi mes parents, ma religion perdue, ne me l’avaient-ils jamais appris ? En tout cas, je le savais maintenant. Je l’avais découvert toute seule. L’amour de la vie est né du voisinage de la mort, de la menace de la mort. Rien ne vous rend réellement reconnaissant d’être en vie comme d’être effleuré par l’aile noire du danger.
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Il ne faut jamais exprimer de pensées qui font présager un malheur. Elles ont leur vie propre, elles se propagent comme des ondes, elles sont entraînées dans ce torrent de la conscience collective où nous nageons tous. Si par hasard, Dieu, ou le Destin, écoutent à ce moment-là sur cette longueur d’onde, il est possible que ça arrive inévitablement. Une pensée de mort peut être mal interprétée : on peut la prendre pour une requête ! Je devais donc écarter ces pensées de mon esprit, sinon je risquais d’ajouter mon poids aux ondes noires de la destinée.
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Toutes les femmes aiment être un peu violées. Elles aiment être prises. C’était sa douce brutalité à l’égard de mon corps meurtri qui avait rendu sa façon de me faire l’amour si merveilleuse, si bouleversante. Il y avait aussi la détente du système nerveux après la disparition du danger, la chaleur de la reconnaissance, et une attirance naturelle de toute femme pour son héros. Je n’éprouvais ni regrets ni honte.
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Peut-on être bête ? Qu’y avait-il donc à dramatiser au sujet de cet homme nu qui reposait à mes côtés ? C’était un agent secret professionnel qui avait fait son travail. Il était entraîné à tirer des coups de feu, à tuer des gens. Qu’y avait-il là de si merveilleux ? Brave, fort, impitoyable avec les femmes – telles étaient les qualités qui allaient avec sa profession – c’est pour cela qu’on le payait. C’était simplement une sorte d’espion, un espion qui m’avait aimée. Même pas, qui avait couché avec moi. Pourquoi en faire mon héros, jurer de ne jamais l’oublier ?
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Les chefs gangsters, les chefs du F.B.I., les chefs de l’espionnage et du contre-espionnage ont le cœur froid, le sang froid, sont sans pitié, sont durs, sont des tueurs, mademoiselle Michel. Oui, même les « amis », par opposition aux « ennemis ». Il faut qu’ils soient ainsi. Sinon, ils ne survivraient pas. Vous me comprenez ?
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