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4.8/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Strasbourg , le 03/11/1974
Biographie :

C’est à Strasbourg que Ian de Curières voit le jour en novembre 1974. Exilé à Paris pour des raisons professionnelles, il aime à se ressourcer sur ses terres natales. À l’adolescence, attiré par l’imaginaire sombre, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers la littérature du XIXe siècle. Ses premières armes narratives, il les forge en pratiquant le jeu de rôles. Les trames historiques servent de creuset à ses histoires, ses personnages sont trempés dans les eaux du temps. Son inspiration, il la trouve dans les univers de Mary Shelley, Robert Louis Stevenson, ou encore Umberto Eco. Voulant que ses récits existent autrement qu’en paroles, il décide de leur donner corps en les couchant par écrit. « Le Miroir de Caïn : l’Enfer » est son premier roman.

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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Sortir du couvert de la verdure l’avait ébloui, tant l’éclat du soleil
était vif. Rajustant alors son chapeau et étrécissant son regard, le
promeneur se dirigea en direction de la côte, d’un pas décidé, au milieu
des arbustes épars. À une cinquantaine de mètres de l’eau, le terrain
devenait complètement sablonneux, il avait atteint la plage. L’homme
se déchaussa et abandonna ses souliers à même le sol, avant de
reprendre sa marche vers la mer. Le terrain était brûlant sous ses pieds,
mais il n’y prêta pas attention : il se sentait en harmonie avec le lieu.
Çà et là, des morceaux de bois charriés par les courants jonchaient la
berge, comme autant de marins échoués. Il s’arrêta au bord des flots
pour contempler l’azur infini qui s’étendait devant lui, des deux côtés
de l’horizon.
Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.
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Les deux visiteurs ne se retournèrent pas et sortirent sans
répondre. En traversant l’espace qui séparait la porte du Sint
Antoniespoort du canal du Klovonierburgwal, John Milton savait déjà
que la Confrérie des caïnites évoluerait dans le sens que souhaitait
Tulp. Son propre disciple avait été convaincu par son discours,
d’autres le seraient. Il n’avouerait cependant jamais que l’évocation de
Dante pour son surnom avait ravivé ses souvenirs pour lui offrir une
vision qui le troublerait le restant de ses jours. Ce théâtre d’anatomie,
de forme conique s’enfonçant dans les profondeurs, comportait neuf
niveaux au total. Sa topographie était ainsi en tout point semblable à
la géographie de l’Enfer selon Dante : un gigantesque gouffre dans le
sol, de forme conique et avec neuf degrés, causé par la chute de
Lucifer depuis les Cieux. Toutefois, si, chez l’Italien, Lucifer trônait au
fond de l’abîme, Tulp y plaçait le berceau de la connaissance.
Connaissance qui devait faire vaciller les Églises et les royaumes.
John Milton passa les jours en mer nécessaires pour rejoindre sa
terre natale à penser au péché d’orgueil. L’étincelle qui provoqua la
chute des anges. Et depuis des Hommes.
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- Que ce rayon relie Jésus et un individu appelé Juda vous semble-t-il être une coïncidence ? Après tout ce que vous avez vous-même analysé ? Nous sommes plusieurs dans le Cercle à considérer que ce n'est pas le cas. Mais que c'est issu d'une volonté manifeste, en lien avec le groupe que nous recherchons.
- Il est vrai que c'est troublant...
Malebranche intervint avec un ton posé et un calme autoritaire.
- Nous ne vous avons pas montré cela comme une leçon culturelle de plus, Raphaël. Vous devez savoir que ce phénomène ne date pas de la construction de la cathédrale. Le vitrail concerné date de la fin du XIXe siècle. C'est depuis des travaux de réfection d'il y a quelques décennies seulement, que l'on peut assister à ce que vous venez de voir. Notre première visite visait à vous montrer une tradition cachée qui était implantée dans notre ville. Celle d'aujourd'hui vise à vous rappeler, si besoin était, que cette tradition ne s'est pas éteinte avec le Moyen Âge ; des personnes qui nous sont contemporaines continuent de l'entretenir. Les caïnites ne sont pas une relique du passé, très cher. Ils existent encore bel et bien. Au-delà de l'intérêt intellectuel de cette histoire, n'oubliez pas la mort d'Eco. Tout ceci est bien réel et dangereux.
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Les deux visiteurs ne se retournèrent pas et sortirent sans
répondre. En traversant l’espace qui séparait la porte du Sint
Antoniespoort du canal du Klovonierburgwal, John Milton savait déjà
que la Confrérie des caïnites évoluerait dans le sens que souhaitait
Tulp. Son propre disciple avait été convaincu par son discours,
d’autres le seraient. Il n’avouerait cependant jamais que l’évocation de
Dante pour son surnom avait ravivé ses souvenirs pour lui offrir une
vision qui le troublerait le restant de ses jours. Ce théâtre d’anatomie,
de forme conique s’enfonçant dans les profondeurs, comportait neuf
niveaux au total. Sa topographie était ainsi en tout point semblable à
la géographie de l’Enfer selon Dante : un gigantesque gouffre dans le
sol, de forme conique et avec neuf degrés, causé par la chute de
Lucifer depuis les Cieux. Toutefois, si, chez l’Italien, Lucifer trônait au
fond de l’abîme, Tulp y plaçait le berceau de la connaissance.
Connaissance qui devait faire vaciller les Églises et les royaumes.
John Milton passa les jours en mer nécessaires pour rejoindre sa
terre natale à penser au péché d’orgueil. L’étincelle qui provoqua la
chute des anges. Et depuis des Hommes.
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Le coffre devait sans doute se trouver dans un endroit lié au monde judéo-chrétien et gréco-romain dont la doctrine caïnite était issue, pensait-il. Rome et Constantinople présentaient l'avantage de symboliser le lien entre la Terre et les Cieux, d'être le siège d'un pouvoir religieux universel et d'être géographiquement bien placées dans le monde culturel des caïnites. Mais n'étaient-ce pas là, dès lors, des choix trop évidents, trop convenus ? Il se posa aussi la question de Prague, à cause d'Umberto Eco. Celui-ci avait donné pour titre 'Le cimetière de Prague' à une histoire qui n'avait que très peu de liens avec cette ville, et le choix du titre l'avait toujours étonné. Peut-être était-ce un de ces secrets que le romancier avait dévoilés, provoquant l'ire des caïnites ? Raphaël en doutait néanmoins. Même si la capitale tchèque était une place magnifique à visiter, il ne voyait rien qui permettait de la relier à des notions telles que l'axe du monde. Non, il décida de creuser le lien potentiel des deux Cités impériales antiques avec Caïn.
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Paradoxalement, il lui semblait que plus sa vie se compliquait et plus sa vision devenait claire. Tout se passait comme si ses épreuves récentes l'avaient purgé de scories, délesté de poids qui l'empêchaient d'avancer auparavant.
Pensant avoir trouvé la meilleure des mauvaises solutions possibles, pour accomplir un objectif auquel il s'était destiné, il prit sa décision. S'emparant dans la poche de son veston de la carte qu'Isabella lui avait donnée avant de quitter le cimetière, Beauchemin composa le numéro qui s'y trouvait. Sans surprise, ce fut Isabella qui répondit à l'appel. Sans surprise également, elle était certaine qu'il lui téléphonerait. Une fois échangées les politesses d'usage et deux trois piques provocatrices de bon aloi, les deux anciens amants se fixèrent rendez-vous : trois jours plus tard, dans un café de Strasbourg, le vendredi 2 octobre, en début d'après-midi. Exactement au même endroit que celui où Malebranche avait, tout au début de leur affaire, rencontré Raphaël. La boucle était bouclée, un second cycle commençait.
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Il repensa à sa discussion avec Blake, en particulier le moment où la notion de civilisation avait été évoquée. Ses réflexions le poussaient à considérer que, pour les civilisations du Livre, le mythe fondateur était probablement bien plus l'affrontement entre Abel et Caïn que l'histoire d'Adam et Eve. En effet, le couple considéré comme originel n'était initialement pas vraiment humain : ils n'étaient pas nés, mais créés, et n'étaient devenus mortels qu'après leur faute. Les premiers humains, ceux réellement plongés dans la condition mortelle dès leur naissance, étaient donc leurs fils Caïn et Abel. D'ailleurs, contrairement à leurs parents, pour lesquels les épreuves furent d'ordre divin, ces deux personnes furent éprouvées dans leur condition d'humain : par l'altérité, la sociabilité, le travail et sa récompense.
Enfin, Caïn fonda une cité avec son fils, suite à son exil après le meurtre d'Abel, ses parents restant des fermiers. Or la cité est le symbole de la civilisation et de l'entrée de l'homme dans l'Histoire.
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Mais voilà que l’histoire lui donnait raison. Se rendant en urgence sur place, Percy Florence avait trouvé un homme devenu hémiplégique et avec de graves problèmes d’aphasie. Un homme rongé par la syphilis, que le corps abandonnait et que les drogues aidaient à rester un tant soit peu vaillant. Une loque humaine. Le poète français était rongé par ses vices et sa bile et il quitterait sans doute bientôt ce monde.

L’Anglais éprouva un profond dégoût pour le Français. Voilà que ses appétits animaux le rattrapaient et mettaient en péril la Confrérie. Tout cela pour des histoires de coucheries ! Il n’osa cependant pas lui montrer ouvertement son dégoût, car Baudelaire, malgré son état, avait encore ce regard qui vous transperçait et vous atteignait au plus profond de votre être. La discussion fut courtoise - signe que Baudelaire était au plus mal ? - et Percy Florence obtint ce qu’il était venu chercher.
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L'enterrement se tenait en comité restreint. Quelques amis proches, les enfants et parents du défunt, avaient fait le déplacement. Le capitaine Lhermitte était également présent. Le cimetière était presque désert en cette période de l'année, seuls quelques visiteurs isolés parcouraient les lieux pour saluer leurs proches disparus. La tombe était située à l'écart des grandes allées, près du mur d'enceinte en pierre, entre deux anciens caveaux oubliés et gagnés par le lierre. Non loin de là, quelques arbres projetaient une ombre encore peu étendue en ce début d'après-midi de juin.
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Si leur mouvement fut spirituel, ou religieux, des siècles durant, cela changea avec la Renaissance où ils prirent une tournure plus politique. L'expansion de la philosophie humaniste permit aux caïnites de sortir de l'ombre et leur fit espérer une traduction concrète de leurs idées.
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