La scène où elle [ndlr Arwen] meurt seule, sur la colline de Cerin Amroth où elle s'était jadis fiancée à Aragorn, dans un Lorien abandonné, silencieux et désert, est d'une tristesse inégalée.
On ne sait d'ailleurs pas de prime abord comment réconcilier l'existence de ces monstres avec le principe selon lequel "nul n'est mauvais au départ", ainsi que l'affirme Gandalf au conseil d'Elrond, "pas même Sauron". En effet, celui-ci a choisi son destin, à la manière de l'Ange rebelle, on ne lui a pas imposé.
Mais si les "mauvais" le sont par choix, et non en soi, c'est tout aussi vrai, réciproquement, des "bons" : leur "bonté" est un choix actif, une résistance à la tentation. Au fond, tout le monde peut devenir monstrueux ; en ce sens, la transformation de Galadriel dans le premier film de P. Jackson, au moment où elle est tentée par le pouvoir de l'Anneau, n'est pas un effet de Grand-Guignol, mais est tout à fait conforme à l'esprit du livre. Le mal est tentant, par définition, mais il vous détruit.
On voit donc qu'il n'y a rien de simpliste chez Tolien dans l'opposition - non pas entre bien et mal, car il ne peut-être question de simplisme quand on a affaire à une catégorie de pensée incontournable - mais entre ceux qui prennent parti pour l'un ou pour l'autre.
Il [ndlr Sauron] n'a pas la moindre idée en effet qu'on puisse même envisager de renoncer au pouvoir, surtout au point de prendre la décision de détruire l'Anneau.
[...]
il [ndlr Tolkein] se situe ici dans une tradiction spirituelle qui assure que le bien connaît le mal, quand ce ne serait que par la tentation, alors que le mal ne comprend rien au bien. Ainsi, Galadriel pénètre les pensées de Sauon tandis que ce dernier ignore les siennes, malgré tous ses efforts - "la lumière perçoit le coeur des ténèbres, mais son secret à elle reste caché".
Le thème réel [de mon récit] est la Mort et l'Immortalité : le mystère de l'amour du monde dans le coeur d'une race [les hommes] dont le destin est de le quitter et apparemment de le perdre ; l'angoisse dans le coeur d'une race [les elfes] dont le destin est de ne pas le quitter tant que toute son histoire [...] n'est pas achevée.