Françoise s'étira, toute mince et menue dans sa longue robe sombre. Le regard lumineux, le teint clair et les cheveux aux épaules, elle ne paraissait pas ses vingt-cinq ans.
La vie ne l'avait pourtant pas épargnée. Un sort contraire avait voulu qu'elle perde l'homme avec qui elle envisageait de se marier. De son expérience malheureuse, il lui restait une certaine fragilité de l'âme, une sorte de rancune envers un destin qui s'opposait à son bonheur.
Elle ne souhaitait pas refaire sa vie. Elle en repoussait l'idée, peut-être par peur de souffrir, de connaître les mêmes épreuves qu'elle avait dû surmonter jadis, lorsque tout avait basculé dans le malheur.
La femme la plus merveilleuse, la plus adorable et la plus irritante que je connaisse. Vous qui avez bouleversé ma vie bien ordonnée. Qui m'avez obligé à penser à autre chose qu'à mes affaires. Vous qui avez mis dans mon existence le piment de la fantaisie. Vous dont je ne puis me passer... Privé de vous, tout me paraît fade et sans attrait. Même mes affaires n'offrent plus le même intérêt. J'en arrive à regarder mes dossiers avec haine... Et vous voudriez que j'accepte de ne vous voir que de temps en temps ?... Mais je veux chaque minute de votre vie ! Je vous veux à moi entièrement et pour toujours !...
Quand une jeune fille évoque la place vide qu'elle va laisser au foyer familial, c'est qu'elle va elle-même bientôt fonder un foyer.
Mon père, quoique musulman, s'intéressait à toutes les religions du monde. C'est lors d'un séjour aux Indes, bien avant ma naissance, qu'il put apprécier les bienfaits du yoga. Il m'en a fait inculquer les principes dès l'enfance. Ce n'était pas encore à la mode...
Impulsion, réflexe?... Françoise ne voulait y voir aucune attitude chevaleresque. « C'est une réaction d'Oriental, se disait-elle. D'Oriental habitué à dominer la femme, sous prétexte de la protéger...
Pas le moment de flâner ! Mieux valait poursuivre une route incertaine, quitte à s'arrêter au prochain village pour demander son chemin.
Les femmes logiques, les enfants surdoués et les chiens sans flair sont la plaie de notre civilisation !
D'où qu'on la regarde, Istanbul s'offre comme une femme.