Parce qu’il traîne immanquablement avec lui des morceaux d’autres vies, des bribes d’expérience et des réflexes d’ailleurs, de cet ailleurs où en théorie il peut retourner à tout moment, l’étranger porte au cœur du monde autochtone le type d’hétérogénéité et de diversité qu’on n’attend et qu’on ne tolère normalement qu’à distance. Même à son insu, son regard a un effet corrosif qui problématise ce que la proximité ou l’appartenance rendent évident, donc inaccessible à la pensée, et relativise les certitudes qui peuplent le monde où il s’installe et souvent, par un effet de retour, de celui qu’il a quitté.