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Citation de Partemps


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Il ne s’agit pas d’abstraire le roman réaliste des conditions de développement et de fortune qui furent les siennes, positivisme par exemple, encyclopédisme, transformations de l’institution, mais plutôt de voir comment un autre critère s’applique aussi, qui appartient à une temporalité plus diffuse et qui, en retour, éclaire le rôle joué par ces conditions extérieures. Je pars ici d’une hypothèse, qui sera celle de toute cette étude : la définition même du roman passe par son œuvre, non pas son œuvre singulière, c’est-à-dire l’œuvre qu’accomplit chaque roman en racontant la lutte de l’individu contre la société, de l’ironie contre la fiction, de la lucidité contre l’illusion, mais son œuvre à travers le temps. Si chaque roman peut se lire comme le lieu d’un « résultat » (la victoire de l’ironie contre le romanesque, la mise au jour des illusions), qu’en est-il de la somme ou plutôt de la suite de ces résultats ? Existe-t-il une « œuvre » de ces œuvres, une œuvre du roman dans le temps ? La question, sans doute, est moderne, qui suppose, pour reprendre le terme de Charles Taylor, l’idée d’une « épiphanie » de l’art1. Mais, précisément, le roman est ontologiquement moderne. Dès sa naissance, il ouvre une brèche dans l’univers lettré régi par les poétiques, et s’y installe en hors-la-loi pour observer le réel et la fiction, c’est-à-dire les variantes du monde rêvées par les personnages. Et comme cette observation est un dévoilement, elle contient la question de sa suite : au fur et à mesure qu’il révèle les fictions de ses héros, le roman doit aussi trouver les moyens de se poursuivre.
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