Je n’ai jamais voulu militer, lutter contre ce monde actuel qui nous ronge pourtant de plus en plus, qui nous avale, qui nous digère, contre ces gens aux mains pleines, pleines de pouvoirs, qui étouffent notre voix, qui ont exploité la Terre comme ils nous exploitent nous, jusqu’à lui faire rendre gorge.
Malgré ma lucidité, je me suis engagé dans aucune lutte jusqu’à aujourd’hui.
Les pandémies sont de plus en plus fréquentes, tuent les plus fragiles d’entre nous et obligent les survivants à circuler dans les rues, comme dans tout endroit clos, le visage recouvert d’un masque opaque qui ne laisse que nos yeux visibles, relié à une bouteille à oxygène par un tuyau flexible qui entrave nos mouvements. Plusieurs mois par an, nous nous déplaçons ainsi en évitant les autres comme des pestiférés, tels des zombies inexpressifs errant dans une société en perdition.
" je ne comprends plus le sens de tout ça, de cette vie où on ne vit pas , où on n'a pas le temps de vivre"
La peur de l’Autre serait-elle inhérente à tout ce qui vit et pas seulement aux hommes ?
"Pourquoi sommes-nous passifs et consentants de notre propre servitude?"
J’observe les pensées éclore en moi, puis prendre leur envol et je les suis.
J’ai bien cru ne lus être capable de rien, ne plus pouvoir me servir de mon esprit tant il s’était atrophié.
Je tente de retrouver mon âme, dont l’extérieur, en m’agressant de toutes parts m’a privé. Je tente de retrouver mon âme, que l’activité incessante m’a volée.
Quelle est la part, dans le caractère, de la biologie et du vécu, nous ne le saurons probablement jamais.
Je ne comprends lus le sens de tout ça, de cette vie où on ne vit pas, où on n’a pas le temps de vivre.
Dans mon nouveau présent, j’en fais le moins possible.