You tube- -----Isabelle Kreidi parle de son métier d'écrivain ainsi que ses origines , dont celles rattachées à un arrière-grand-père vendéen, mineur... qui occupe une place particulièrement importante....
L'âge ne peut pas être utilisé comme prétexte pour ne rien faire de nouveau. (...) Rien ne m'empêche de réinventer ma vie, de lui donner un nouveau souffle. (...)
- C'est beau l'Irlande...
- Vous m'emporteriez dans vos bagages ?
- Pourquoi pas ...
- Ma vie quotidienne n'a rien d'exaltant. Je regarde les oiseaux qui se chamaillent, je m'intéresse aux querelles des écureuils- Ils sont d'une agressivité terrible quand on pénètre sur leur territoire-, mais dans tout cela s'infiltre une nostalgie difficile à expliquer à quelqu'un qui ne vit pas en permanence dans ce cadre. Cette nostalgie met en relief la solitude, la vulnérabilité : on ne voit qu'elles tout à coup. Cette attention aux toutes petites choses est peut-être une forme de dépression. (...) Moi aussi, il m'arrive de rêver d'un ailleurs que je n'arrive pas à localiser. (p. 87)
La mort est une porte de sortie quand quelqu'un nous épuise : on perd son souffle à force de marcher dans un vent contraire. Le vampire ne peut pas s'empêcher de tuer, c'est dans sa nature. (p. 68)
(...) il ne supportait pas l'opposition; que je fasse une objection, que je me rebiffe, tout se retournait contre moi. Dans son genre, il était machiavélique: il minait le terrain, savait exactement où il avait placé les explosifs et se débrouillait ensuite pour me faire marcher dessus...( p. 60)
C'est triste une maison endormie, sans lumière, sans odeur de cuisine, sans le feu qui crépite pour mettre un peu de couleur dans la vie. (...)
Quand le soleil se lève, passe encore. Mais quand le soir tombe sur ma prairie et que les arbres deviennent des silhouettes obscures, ce silence parfois devient oppressant. Je me plais dans le calme de ma ferme, mais en même temps, quand je me réveille la nuit, il m'arrive de me demander ce que fais là...
(...)
-Personne ne devrait être seul quand la nuit vient. (p. 69)
- Vouloir mourir dans un lieu pareil, ce n'est pas sérieux.
- Je ne voulais pas mourir, je voulais vivre autrement.
- Et si on changeait de vie ?
- Vous le pensez vraiment ? (...)
- Où iriez-vous ?
- Je ne me suis jamais sentie à ma place...
Et ce n'est pas un hasard si j'ai vécu avec un homme qui ne m'en donnait pas. Je crois que je serais mieux en Irlande, sur la terre de mes ancêtres. (p. 80)
- Je crois qu'il a dit cela pour vous faire du mal parce qu'il sentait que vous aviez besoin de cette forme de reconnaissance.
- Probablement. mais il continue à influencer ma vie, comme un produit toxique qui empoisonne la terre au point que plus rien ne peut y pousser. (p. 53)
Ce n'est pas l'amour qu'il faut remettre en cause. (...) Ce qui est difficile, c'est de placer son amour sur la bonne personne. C'est une malchance de rencontrer sur son chemin des voleurs d'âmes (...) (p. 66)
(...) je ne voulais pas voir la situation en face...
-C'est une façon de se protéger contre la dépression...C'est difficile de renoncer à ses rêves...
-En réalité, il m'a enfermée dans son espace psychique et, au fil des mois, l'idée que je me faisais de moi se rétrécissait (...)
- On devient tel qu'on nous voit. L'observateur modifie l'observé. (...)
- La façon dont une relation se termine en dit long sur la relation elle-même...(p. 63)
Il s'est infiltré dans les failles de votre enfance comme un prédateur qui observe dans un troupeau l'animal affaibli. (p. 44)
- Ne sachant pas exactement où était l'ami, où était l'ennemi, vous n'étiez pas en mesure de vous défendre. Pour se battre, il faut être capable d'identifier le danger. Avec un pervers qui joue sur les deux tableaux, tantôt prédateur, tantôt protecteur, entre caresses et mauvais coups, notre instinct de survie est neutralisé. (p.54)