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Citation de Apoapo


3. « Votre père, vous savez ce qu'il vaut. Et encore, vous ne savez pas tout. Vous ne savez pas que cette nuit j'ai voulu mourir, et c'est presque chaque nuit, dès que je ferme les yeux, je veux mourir. Comme ces poupées qui baissent les paupières quand on les couche. Ne vous effrayez pas, ce n'est pas si grave, ce n'est qu'un fantasme, un vertige imbécile, ça me prend depuis toujours, depuis l'enfance. Ce n'est pas grave, entre les cordes nouées à une poutre, les pieds qui pendent, les pistolets sur la tempe, les trottoirs qui se rapprochent dans le vide, entre toutes ces joyeusetés, une autre image apparaît toujours. Je ne vois pas vos visages, le haut de vos crânes seulement, je vois vos cheveux ébouriffés, et vos mains levées, qui me portent et me lancent. Vous portez votre père, inconscients de le sauver, joyeux. Et moi, je tâche de faire bonne figure, maintenu à bout de bras, à la force de vos mains, petites et grandes, au-dessus de la noyade. » (Thierry Consigny, pp. 192-193)
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