VLEEL 271 Rencontre littéraire avec Ivan Zinberg, Au commencement, Éditions Harper Collins
A l'énoncé du verdict, Lorenzo ne ressentit pas le réconfort espéré. Il avait naïvement cru qu'une décision de justice pourrait l'apaiser. Il s’était trompé dans les grandes largeurs. Sur le banc du tribunal, il resta de marbre, les yeux éteints.
Au fond, la peine infligé au tueur n'importait peu.Jamais plus il ne reverrait sa femme et ses enfants.
Une drôle d'impression sourdait en lui. Il ne se sentait plus dans la peau d'un flic, mais plutôt dans celle d'un pantin.
Un pantin désarticulé, malmené, tiraillé en tous sens par des enfants turbulents,
Los Angeles regorgeait de détraqués en tous genres. Cette ville offrait un panorama complet de la nature humaine, de la plus noble à la plus perverse.
On s’habitue à tout, même aux pires malheurs. L’être humain est programmé pour tout supporter. Et survivre. J’en ai fait l’expérience et je sais que c’est vrai.
Profite de ceux que tu aimes tant que tu peux encore le faire. Je sais de quoi je parle, tu peux me croire.
L’ex-flic se rappelait cette phrase de Mark Twain : " L'Homme est le plus cruel des animaux, il est le seul capable d'infliger une douleur à ses congénères sans autre motif que le plaisir." Constat lucide.
La mère de famille ne s’embarrassait ni de l’orthographe ni du respect de la langue. Bek détestait cet usage dans les échanges écrits. Mais peu importait. On n’en était plus à cette nuance près à l’époque du terrorisme, de la flambée des populismes, de la désinformation de masse, de l’Internet fou et du dérèglement climatique.
"Son teint vitreux ne trompait plus personne. Le Whisky le rendait malade, il l'attaquait corps et âme. Paul avait vieilli de dix ans en l'espace de quelques mois."
- Tu connais la philosophie du bon socialiste : "Il faut être solidaire et partager l'argent... Mais surtout l'argent des autres!"
Vers midi, il mangea léger et fit le ménage dans son appartement. Il lustra ses quatre-vingt-dix mètres carrés sans s’octroyer la moindre pause. Ce qui chez les gens représentait une corvée agissait sur lui à la manière d’un catalyseur d‘énergie. Évoluer dans un univers propre et ordonné lui procurait un confort psychologique. Il ignorait le pourquoi du mécanisme. Bek soignait constamment son intérieur, avec une efficacité à faire pâlir le plus compétent des majordomes.