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Citation de OttoDidakt


Dans la vallée, on entend le bruit de la mer, le vent, les cris des enfants au loin, de l'autre côté des plantations de cocos. On voit le ciel, les nuages, on est libre de penser à autre chose, d'oublier. Mais ici, l'on est enfermé dans sa propre folie, tourné vers la pierre, vers le stérile, l'infranchissable. Le soleil brûle, le vent fait glisser la poussière ocre et noire vers le fond des crevasses, les herbes sèches sont une toison morte. À l'entrée du ravin, chaque fois que je me suis approché de cette faille, j'ai ressenti un frisson, cette sorte d'instinctive répulsion que me donnent les grottes. Ce n'est qu'en retrouvant les traces de l'homme qui est venu ici avant moi, en découvrant les signes qu'il a laissés, ces signes de souffrance, d'espoir, d'illusion, que je peux accepter d'entrer dans le ravin. Il me semble que je touche alors au coeur même de cette légende, au lieu le plus chargé de sens et de mystère. Il me semble qu'ici chaque parcelle de terre et de roche, chaque relief du sol, chaque blessure sur les parois de pierre ont une signification qui résonne au fond de moi. Il me semble que je suis enfin parvenu tout près de celui que je cherche, si près que j'entends le son de sa voix, le bruit de ses pas, que je sens son regard, son souffle. Dans cette tranchée vide, quand le soleil de l'après-midi brûle mon dos et fait briller mon ombre sur le fond du ravin, jusqu'au cercle noir du puits comblé, peut-être qu'enfin je ne fais qu'un avec mon grand-père, et que nous sommes unis non par le sang ni par la mémoire, mais comme deux hommes qui auraient la même ombre.
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