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Citation de Nastasia-B


— Non, je n'ai jamais pleurniché. Je suis allé à l'asile, à la ferme des pauvres, comme on dit. J'ai vécu dans la misère la plus sordide. Comme une bête. […] Sais-tu que j'ai travaillé deux ans à la blanchisserie de la ferme des pauvres ? Avec ma seule main valide, mon moignon et mes côtes cassées, je triais le linge sale, je pliais des draps et des taies d'oreiller. Mille fois j'ai cru que mon pauvre vieux dos allait se briser, et dans toute la poitrine la douleur me harcelait sans relâche à l'emplacement de mes côtes manquantes. Et tout cela pour un salaire d'un dollar et demi par semaine.
Tu es encore jeune… […] Tu n'as jamais été coupé de la vie. Dans la ferme des pauvres, on est coupé de la vie. À la ferme, il n'y a pas de respect — je ne parle pas du respect dû à l'âge, mais du respect de la vie humaine. Comment t'expliquer ? On n'est pas mort. On n'est pas non plus vivant. On est ce qui était vivant mais est en train de devenir mort. Les lépreux sont traités de cette façon. Les fous aussi. Je le sais. […] C'est cela : autre. Ainsi, dans la ferme des pauvres, nous qui ne sommes pas encore sous terre, nous sommes autres. […] Ah ! la ferme ! Ah ! la nourriture, la saleté, les insultes, les brutalités, la bestialité absolue !

Chapitre XIII.
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