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Citation de Pseudo


Pour vous montrer comment un bon ouvrier peut, en quelques mois, devenir un inapte, et pour vous faire toucher du doigt ce qui est alors son existence, je (Jack London) ne puis résister à l'envie de vous communiquer un extrait annuel du Syndicat, et qui concerne McGarry, âgé de trente-deux ans et pensionnaire de l'asile des pauvres :

"J'étais employé chez Sullivan, à Widnes - cet établissement est plus connu sous le nom de British Alkali Chemical Works. Je travaillais dans un hangar, et je devais traverser une cour. Il était dix heures du soir, et il n'y avait aucune lumière. Comme je traversais la cour, j'ai senti quelque chose s'enrouler autour de ma jambe et me la broyer. J'ai alors perdu connaissance, je suis resté dans le coma pendant un jour ou deux. Dans la nuit du samedi au dimanche suivant, j'ai repris conscience, j'étais à l'hôpital. J'ai demandé à l'infirmière ce qu'il en était de mes jambes, et elle m'a répondu qu'on avait dû les couper toutes les deux.
"Il y avait une manivelle dans la cour, plantée à même le sol, dans un trou de dix-huit pouces de longueur sur quinze de largeur et quinze de profondeur. La manivelle tournait dans ce trou à raison de trois tours par minute. Il n'y avait aucune protection pour entourer ce trou, aucune couverture. Depuis mon accident, on l'a fermé, et on l'a recouvert d'un morceau de ferraille... On m'a donné vingt-cinq livres, non pas comme dédommagement - on m'a dit que c'était une charité qu'on me faisait. J'ai été obligé, sur l'argent qu'on m'avait donné, de payer neuf livres un chariot pour me véhiculer.
" J'ai eu les jambes broyées quand j'étais à mon travail. J'étais payé vingt-quatre shillings la semaine, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne des salaires des ouvriers de l'usine, je faisais en effet du boulot à la demande. Quand il y avait de gros travaux, c'est moi qui les faisais. Mr Manton, le chef, est venu plusieurs fois me voir à l'hôpital. Lorsque je suis allé mieux, je lui ai demandé s'il pouvait me redonner du travail. Il m'a assuré que je n'avais pas à m'en faire, car l'usine n'était pas si inhumaine que ça, et que de toute façon je n'aurais pas à m'en plaindre... Il a subitement cessé ses visites. La dernière fois, il m'a dit qu'il avait pensé à demander aux directeurs de me faire parvenir cinquante livres pour me permettre de retourner chez moi, auprès de mes amis, en Irlande."

Pages 164-165
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