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Citation de sabelsab


L’Angleterre est le paradis du riche, le purgatoire du sage et l’enfer du pauvre.
"Théodore Parker"

Les enfants du ghetto possèdent tout ce qu’il faut pour faire des hommes et des femmes de caractère, mais le ghetto, comme un tigre en folie, s’acharne sur sa jeunesse, l’écrase et détruit en elle ses qualités, éteint toute lumière et toute joie, et finit par transformer ceux qu’il n’arrive pas à détruire en créatures stupides, sans avenir, grossières et avilies, très proches de la bête.


Le chagrin et la misère sont aussi deux causes puissantes pour déranger le cerveau et conduire les gens soit à l’asile d’aliénés, soit à la morgue ou encore à la potence. Lorsqu’un accident arrive, et que le père ou le mari, malgré tout l’amour qu’il porte à sa femme et à ses enfants, malgré sa volonté de retravailler, n’arrive pas à se réemployer, il suffit de peu de chose pour que sa raison chancelle et que la flamme de son cerveau vacille.

Quand on parque les travailleurs dans le ghetto, ils n’échappent pas à la déchéance. Une nouvelle race, maladive et mal lotie, prend la place de l’autre : c’est le peuple du pavé, qui est abruti et sans force. Les hommes ne sont plus que des caricatures d’eux-mêmes, leurs femmes et leurs enfants sont pâles et anémiés, leurs yeux sont cerclés de noir, ils ont le dos voûté et traînent la savate, et deviennent très vite rachitiques, sans grâce et sans beauté. Et pour corser l’affaire, les hommes du ghetto sont ceux dont personne ne veut – c’est une souche déracinée qu’on abandonne jusqu’à la plus complète pourriture.

Dès qu’un homme solide et bien bâti devient adulte, on l’oblige à s’engager dans l’armée. Un soldat, comme l’a écrit Bernard Shaw, est « soi-disant un défenseur héroïque et patriotique de son pays. En réalité, c’est un malheureux, conduit par la misère à offrir son corps aux obus, contre une nourriture régulière, un toit et des vêtements


À Londres, le massacre des innocents se fait sur une échelle bien plus grande que tout ce qu’on a pu voir jusqu’alors dans l’histoire mondiale. Ce qui est étonnant, aussi, c’est le manque de cœur des gens qui croient au Christ, qui vénèrent Dieu, et vont régulièrement à l’église chaque dimanche. Le reste de la semaine, ils se démènent comme de vrais diables pour faire rentrer loyers et bénéfices qui leur arrivent tout droit de l’East End, entachés du sang des enfants du ghetto.


Je suis incapable de raconter le dixième de ce que j’ai pu voir, presque tout défiant la narration. J’ai vraiment vécu un cauchemar – j’ai vu cette sorte de bave visqueuse qui englue le pavé nocturne, j’ai vu ce déferlement sans nom de saletés misérables qui laissent loin derrière elles toute l’« horreur de la nuit » qu’on peut éprouver à Piccadilly ou sur le Strand. La nuit, l’East End ressemble à une ménagerie de bipèdes habillés, qui tiennent plus de la bête que de l’homme. Pour achever le tableau, des gardiens en uniforme à boutons dorés s’efforçaient de faire régner un semblant d’ordre en intervenant chaque fois que l’un de ces malheureux grondait de façon trop féroce.


J’ai la certitude que, si le Tout-Puissant avait voulu une catégorie d’hommes seulement destinés à manger et non à travailler, il les aurait faits avec des bouches, sans bras ; et que, s’il avait eu l’idée de créer des travailleurs qui ne mangent pas, il les aurait faits sans bouche, avec leurs seuls bras. "Abraham Lincoln"


Aucun des responsables de cette classe de gestionnaires ne peut plaider non coupable à la barre du tribunal de l’Humanité. Les vivants dans leurs maisons – les morts dans leurs tombes 1. Cette toute petite notion de bon sens est remise en question par chaque bébé qui meurt de malnutrition, par chaque jeune fille qui s’enfuit de l’atelier où on l’exploite pour arpenter la nuit les alentours de Piccadilly, par chaque travailleur sans emploi qui, désespéré, plonge dans le canal pour y trouver la mort. La nourriture même que cette classe dirigeante mange, le vin qu’elle boit et tout l’étalage des beaux vêtements qu’elle porte sont un défi aux huit millions de bouches qui n’ont jamais mangé à satiété, et aux seize millions de corps qui n’ont jamais pu bénéficier de vêtements corrects ou de logements suffisants. Aucune erreur n’est possible. La civilisation a centuplé le pouvoir de production de l’humanité et, par suite d’une mauvaise gestion, les civilisés vivent plus mal que des bêtes, ont moins à manger et sont moins bien protégés de la rigueur des éléments que le sauvage inuit, dans un climat bien plus rigoureux. Il vit, aujourd’hui, comme il vivait à l’âge de la pierre, il y a plus de dix mille ans.
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