AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.98/5 (sur 28 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Ex :Bruxelles , 1909
Mort(e) à : Auderghem , 1993
Biographie :

Journaliste et poète belge, de langue française. Fondateur du journal Le Ligueur.

Site dédié : jacquesbiebuyck.wordpress.com

Ajouter des informations
Bibliographie de Jacques Biebuyck   (29)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Vidéo de Jacques Biebuyck


Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Pauvres gosses étions-nous, surpris par l’irruption de la puberté! Plu­sieurs mois d’été, en cinquième latine, je portai mon manteau pour ne pas tra­hir ma soudaine déformation éventuelle! Et quand, pressé par mes parents venus lui demander d’intervenir, un Jésuite m’exposa le plan divin de la pro­ création, ce ne fut qu’une rumeur confuse bourdonnant aux oreilles.
Années brûlantes; plaisirs furtifs et torturants; fantasmes d’irréelles beautés. La jeune-fille de marbre du square Marguerite, la hanche un peu ployée, me poignait de désir triste. Jeune écolier, images et statues me frap­ paient beaucoup, mais nullement les fillettes de chair qui me semblaient assez sottes.
A quatorze ans, ma vraie vie était secrète. Je n’avais pour confident que mon vicaire. Il me donnait une amitié brûlante. Un jour de confession, il s’agenouilla brusquement, sans un mot, devant moi. Il me lavait l’esprit ; je me relevais absous, frémissant de nouveauté.
En ces années 20, encore pudiques, les nudités me captivaient excessi­ vement, d’autant que mon père arrachait les pages de livres pourtant luxueux où s’étalaient de grasses déesses, les Néréides, les sylphides peu voilées. Le piment du péché relevait l’assez morne fumet de la «chair» jusqu’à susciter l’attente de délices suraigües. Cependant, les quelques expériences où, après la rhétorique, ces rêveries tentèrent de s’appliquer furent sinistres.
J’avais grandi pour aimer totalement. La pauvre mécanique sexuelle isolée de la tendresse n’est qu’une âpre singerie. C’est d’ailleurs sans attrait que je menai ces brèves aventures, par mimétisme garçonnier, et sans doute aussi, pour échapper à mon foyer calme et clos.
Un soir, un groupe théâtral d’amateurs me convoqua. J’y rencontrai une jeune fille piquante, vive. Elle est encore ma femme. Toute ma vie s’orienta dans le sens d’une créativité exubérante.
Commenter  J’apprécie          40
In paradisum, deducant te patres

Or, je viens de glisser du côté du soleil ...

Il pleut encor. Mais voyez qui s'avancent :
les couples de mon sang venus fêter ce mort
et le porter un peu : André, Léon, Marie,
Pierre, sa femme, tous, d'hier et de si loin.
Jusqu'à l'enfant de ma dernière fille
qui va naître demain avec mon vieux sourire.
Il pleut dans le soleil. On a posé les planches.
Je les vois tous chanter ... Que d'inconnus intimes !
Ce confesseur d'Ostende en ce soir de Juillet.
Ce visage breton ... Toi que je crus quitter,
sous la neige à toujours ... La Juive au Luxembourg.
L'étudiant qui criait à Lille dans ses rêves.
Ma tante infirme. L'homme au sortir de prison.
Ce trappiste, et j'entends son rire de courage
sonner sous les sapins d'une ancienne saison.
Et Béla
qui descend de sa colline, à Bude.
Et ce garçonnet blond parmi les roses d'Uccle ...
jamais revus, tous revenus en foule.
Ce soldat qu'un obus retourna sur le flanc
et qui mourut, pleurant son sang sur mon épaule.
Commenter  J’apprécie          40
Mon amour du beau papier serait-il héréditaire ?
Mon père ramenait souvent du Ministère des fiches de couleurs vives qui me faisaient sauter le coeur.
A cinq ans, le 17 mai 1914, je fus heurté par un tramway, rue du Noyer. Evanoui, la cuisse gauche brisée, j'ouvris les yeux, sur la table d'une pharmacie, au coin des rues du Beffroi et du Noyer. Un policier géant à capote flottante, frère du policier de Quick et Flupke, veillait de haut sur mon retour de conscience.
Ton père, qu'est-ce qu'il fait ?
Marchand de papier ...
Il était fonctionnaire au Service des lois étrangères.

A six ans, toujours pour l'amour des beaux papiers, ma chambre se transforma (peu de temps) en études de notaire. Le legs d'un cousin m'orienta vers des joies liturgiques.
Quel jeu plus captivant que celui qui vous autorise les bougies, le vin,
le service d'une soeurette comme enfant de choeur, sans oublier le port d'une mignonne chasuble de soie, le maniement du calice et des burettes d'étain, légués par le cousin. Grisant !
Trente ans plus tard, tant de gestes pieux n'empêchèrent pas la scène odieuse que je fis à ma femme pour avoir mis à la poubelle les débris de ma chasuble. J'étais attachés au x restes de mes joies, au point d'emporter dans mes bagages de jeune marié, le petit canon qui tirait des obus de bois ! don d'un Saint Nicolas de 1919. Peu me pardonnent d'avoir été le plus heureux des gamins de ville. Faute de prairies, je courais sur les toits...
De ce papier que je n'aimais que glissant ou pulpeux, comme journaliste je noircis des rames. Quand en 1929 sortit mon premier recueil, "Les Monastiques", écrit dans la fièvre après mon aventure de la Trappe, je palpai et humai les Hollandes et les Japon avec tendresse.
Déjà collégien, l'arrivée hebdomadaire de "La Jeunesse", fondé par Edouard Ned, me jetait dans la délectation de la vue, des doigts, de l'odorat. Depuis ma treizième année, j'ai écrit tous les jours articles ou poèmes. Mais si le papier carbone n'avait été inventé, n'aurais-je tant rempli de pages pour mes amis ? (...)
Commenter  J’apprécie          30
Si j'étais romancier, j'inventerais une rue qui me ferais sourire d'aise. Je m'y glisserais comme une souris dans un fromage, comme un enfant dans une image...
Un bonheur valable pour toute une vie !
dans cette rue-là, on vivrait pour se faire de la joie l'un à l'autre.
Au coin, je situerais un magasin de mercerie, un peu vieillot, et le nommerais Aux Dames de France. Nulle enseigne au néon, mais une bonne renommée, entretenue par quelques dames économes, des dames de naguère, avec deux servantes, du linge pour cinquante ans, des robes qu'on tourne et retourne, parce qu'il faut deux générations pour user un tissu dans les bonnes familles...
Le mercier aurait toujours le temps, et un sourire un peu pâlot, _ il ne prend de vacances qu'à la sainte Marie.
Dispos et débordant d'histoires, les messieurs de ma rue rentreraient chez eux à cinq heures et demie.
Quant aux enfants, ils auraient leur étage à eux et n'entreraient qu'aux fêtes dans le "bureau de papa" .
Mon Dieu ! quelle saveur de courtoisie et de gigot de mouton flotterait dans la véranda aux petits vitraux... Un goût de lent et bon repas, de meubles biens cirés et de tablées sans fin.
Vous n'auriez nulle envie de la quitter ma rue. (Nous n'avons pas encore l'automobile et la radio n'étant pas inventée, il faut bien qu'on soit dissert et gai, en famille.)
Commenter  J’apprécie          30
Le Charme de mon père
Je lui téléphonait pour le plaisir de sa voix : des harmoniques de violoncelle, tout chez lui était harmonieux, même la colère qu'il alourdissait comme une pièce montée, une fête d'intempérance dirigée. La douceur froide de ma mère lui permettait ce luxe.
Mon père avait interdit de rappeler sur son faire part mortuaire, sa qualité de fonctionnaire. je notai donc modestement qu'il avait été prieur du tiers-ordre, fabricien, aquarelliste, entomologiste, peintre. Sans être savant, il lisait fort bien les étoiles, connaissait le nom technique de tous les navires, ceux de trois cents coléoptères, Fabre par le détail une trentaine de mystiques, construisait des modèles de yacht, gravait, folklorisait. Un homme inutile et charmant qui enchantait un salon. Il avait le coeur enfant. Le malade avait apposé sur sa porte un panonceau en gothique : Défense au médecin d'entrer. Le médecin ne le vit que mort. Mon père se confessait quatre ou cinq fois la semaine : "vous abusez du pouvoir des clefs !" notait l'abbé de M.
Il se reposait sur ma mère de toutes choses ennuyeuses : fisc, locataires, patrimoine, successions, contrats. Il régnait sans gouverner, ce qui lui laissait un grand loisir pour la chasse au papillon, le croquis, les réunions pieuses, les douces frivolités de l'amitié.
Commenter  J’apprécie          30
L’homme normal
Le saint ignore sa sainteté. Le prince oublie sa noblesse. Le bel homme ne se sait pas beau. Le génie ne s*ébouriffe pas les cheveux devant la glace. L'homme normal ne saurait croire au mérite de l ’être.
Mon père exaltait l’aurea mediocritas. Je m'en scandalisais, friand d'héroïsme. Il excellait dans l'heureuse moyenne, jouait (un peu) du piano, peignait sans prétention, collectionnait sans fièvre,
goûtait de tout, n'abusait de rien.
Par sa modestie, l'homme normal assure le repos du pouvoir. Sa
naïveté politique conditionne la stabilité des régimes. Ses vertus modérées permettent d'évoquer une moralité publique.
Son enfance ignore le vol, la délinquance; les éducateurs spécia­ lisés ne sont pas pour lui. Sa jeunesse se dispense des juges, des pri­ sons, des passions stupides et violentes. Adulte, il élève lui-même ses enfants, laissant aux autres de se faire offrir par l'Etat des crèches à mille francs par jour. Comme il ne force nulle serrure, n'enlève aucunefemme, ne détruit ni le sommeil de ses voisins, ni les cabines téléphoniques, les frais de police ne le concernent pas.
L'hommenormalfaittoutletravaildelaterre.Deplus, ilpaie les pots cassés par les citoyens agités, revendicatifs, ivrognes et tordus.
Décorons l'homme normal.
Commenter  J’apprécie          30
(...)
Avez-vous déjà songé à ce qui se passa chez les animaux lorsque Noé eut commencé de trier la création et d'assembler les cochons les plus gras, les chevaux les plus nerveux, les plus vaillantes génisses ?
Oh! bien sûr, la plupart ne comprenaient rien à cette inspection du patriarche : les boeufs se laissaient mener par les naseaux, les lapins trouvaient partout l'herbe aussi tendre... Pourtant certains animaux devenaient inquiets, comme avant un orage. Parmi les plus malins, certains avaient compris.
Quelle émotion, par exemple, chez les éléphants ! Une maman avait refusé net d'entrer sous le hangar dressé non loin de l'arche, et l'on fut bien obligé de prendre avec elle son éléphanteau.
Et du côté des singes ! C'était à qui ferait la grimace la plus irrésistible, la plus folle des gambades. "Prends moi donc au lieu de mon cousin !" semblaient-ils supplier tous. "Tu vois bien que je suis mille fois plus savant que lui !" Un seul petit singe, dans l'agitation générale, gardait un calme étrange. Il riait tout seul dans son coin. "Tu ne sens donc pas ce qui se prépare ?" raillaient ses frères. Quarante jours de pluie ! Et pas des gouttes, si l'on en croit les mouettes; des seaux, mon ami, des rivières !"
"Oh moi ! faisait le petit singe, je m'en tirerai bien tout seul ..."
C'était une petite bête très orgueilleuse, peut-être ? je ne sais pas .... Ou alors bien courageuse ? C'est ce que nous verrons .... Insolente ? Pourquoi ? parce qu'elle croyait pouvoir se sauver toute seule du déluge.... En tout cas, moi, je la trouve bien sportive !
La vérité, c'est que notre petit singe était immensément curieux. Pensez donc ! Assister au déluge .... Non pas en risquant un coup d'oeil entre les planches de l'arche de Noé, non.... En plein air, en plein vent ! Il voulait voir ça le petit singe, comprenez-vous ?
Et d'un seul coup, par cascades, la pluie se mit à tomber pour quarante jours....
Au début, le petit singe connut quelques instants de gaieté. Voir des poissons frétiller dans la cage d'un canari, grâce à l'inondation, ou une jeune baleine se reposer dans un cerisier, voilà qui n'arrive pas tous les jours. De temps en temps, le petit singe allait, en sautant d'arbre en arbre, surveiller l'embarquement des animaux privilégiés ....
Mais bientôt ce devint tragique, je ne vous raconterai pas ce que le singe put voir, quand les toits des maisons eurent été recouverts par les eaux du déluge ....
Les eaux montaient montaient. Le coeur du joyeux animal se serra. Depuis quarante-huit heures, il était frileusement accroupi à la pointe d'un haut peuplier. Alors, l'arche de Noé fut soudain emportée par le courant. Ses étais furent arrachés par les vagues ; le grand vaisseau eut deux ou trois secousses _ d'où le chameau sortit à tout jamais bossu et le lièvre à jamais peureux_ et l'arche, lentement, s'éloigna vers l'horizon ....
Voilà que le petit sing, à cette vue, se mit à rire, oui : à rire comme on grelotte, à rire de peur d'avoir osé se sauver tout seul !
Une vague le décrocha de sa haute branche, et il nagea jusqu'à une poutre qui dansait sur les flots.

(...)
Commenter  J’apprécie          20
Vous êtes bien fiers de grandir, n'est-ce pas mes enfants ?

Eh bien, moi, je vais vous conter l'histoire d'un Monsieur qui voulait redevenir comme vous, qui voulait rajeunir.

Oscar avait soixante ans, un canari dans une cage,
les pieds dans des pantoufles. Il fumait toute la journée, assis dans un grand fauteuil.

Taisons nous. L'histoire commence. Le canari siffle gaiement. Oscar ronfle.Mais il redresse la tête, s'étire, baille...

OSCAR_ Voilà, je me suis encore endormi ... Houla la...Je me sens raide... Ce que c'est de veiller tout de même ! Allons, bourrons-nous une bonne pipe, ça fera passer le temps
(il allume sa pipe, souffle la fumée. Il grommelle, en gonflant les joues dans un nuage de tabac grillé.)
Ah où est le bon temps où je vendais la jujube à l'épicerie du Panier Percé !
(Le canari s'arrête de chanter au beau milieu d'une roulade.)

... eh bien, quoi, Fifi, tu ne dis plus rien ? Comment ? Mon canari s'est endormi ? c'est qu'il prend de l'âge lui aussi ... D'ailleurs, je n'ai qu'à jeter un regard autour de moi : tout vieillit ici, en même temps que le propriétaire !
Mon fauteuil craque de toutes ses jointures; ma pipe se fait asthmatique. Mon papier de mur jaunit, s'écaille. Mon plafond se ride... Quelle pitié ! Ah ! vieillir, quel ennui ! hélas, fini ! reprends ton petit air, mon garçon. Ala bonne heure !
(le canari lance une roulade.)
Tout de même, je donnerais gros pour redevenir jeune. On m'a parlé d'une certaine méthode, la méthode Coué ... Il faut avouer que c'est drôle . Il paraît qu'il suffit de répéter plus souvent possible: "je rajeunis, je suis de plus en plus jeune. C'est effrayant ce que je deviens jeune !" Il paraît...
( A cet instant, une tête ébouriffée surgit à la fenêtre, sous la pipe d'Oscar. C'est le lutin Ainsi-soit-il.)

LELUTIN_ Comment dites-vous ?

OSCAR_ Oh! Tu m'as saisi galopin ! Qu'est-ce que tu me veux ?

LE LUTIN_ En passant sous la fenêtre, je vous ai entendu gémir.
C'est donc vrai, vous souhaitez rajeunir, père Oscar ?
OSCAR_ Voyez-moi ce petit insolent ! Tu me trouves donc si vieux que ça ? Viens ici que je te tire les oreilles.

LE LUTIN_ Mais c'est vous même qui l'avez dit !
(le lutin passe vivement la main sur le pot de grès ouvert devant Oscar.)
OSCAR_ Malheureux ! Ne touche pas à mon tabac !

LE LUTIN_ C'est votre pot à tabac ?

OSCAR_ Allons, passe ton chemin.

LE LUTIN (à part lui) _ je viens de jeter dans son tabac un brin d'herbe magique...
OSCAR_ Va jouer, je te dis !
LELUTIN (qui s'éloigne)_ Ah ! tu veux rajeunir, mon bonhomme ? Tu vas être satisfait . Et au delà de ce que tu désires ! Eh ! eh !
(Et riant, il tourne le coin de la rue.)
Commenter  J’apprécie          20
Aujourd'hui encore, j'ai honte d'avoir, à douze ans rossé par erreur ce petit Luc. Je m'étais promis de me venger de je ne sais quel railleur insupportable. Le soir venu, je guettai ma victime à la porte du collège. Croyant avoir reconnu sa silhouette, j'envoyai une volée de coups à ce petit Luc, tout effaré.

C'était un élève effacé, aux gestes étroits, toujours vêtu d'étoffes ternes et solides.
Dès le lendemain, je cherchai à l'approcher. Quand nous fumes dirais-je nez à nez, son expression changea; il eut pour moi un long sourire. Je me demandai obscurément si loin d'en souffrir, il ne jouissait pas de sa timidité. Nombre d'enfants prennent part aux jeux d'ensemble, nullement par quelque retrait d'asocial, mais pour mieux s'absorber dans le monde de leurs pensées vagues fascinantes d'où, adultes, ils tireront leurs plus riches images, leurs intuitions les plus vives.
A le hanter plus souvent, je crus deviner que mon Luc se sentait de naissance, une sorte de primauté sur toute créature, infligée à ses yeux de vulgarité. La solitude était son royaume, comme d'autres n'existaient qu'en se frottant à d'autres vivants. C'est dans les dunes, les forêts, tout lieu vierge d'humains qu'il exultait doucement. Je commençai de l'envier un peu. Sa prétendue timidité protégeait son être intime; Il s'en sentait toujours habité. Il le tenait pour sa partie précieuse. Adulte, Luc serait de ces chrétiens qui prétendent qu'aimer son prochain "pour l'amour de Dieu" n'oblige nullement de l'aimer pour lui -même, que du contraire ! Comment sincèrement chérir tant de collègues, voisins, innombrables niais, sous le prétexte qu'ils peuvent se targuer d'être eux aussi, enfants de Dieu ?
Je ne perdis plus jamais Luc de vue. Nous avions noué une de ces amitiés qui n'exigent pas de se revoir souvent, mais sont pourtant l'occasion d'échanges curieusement intimes. J'appris ainsi qu'il était d'une vulnérabilité singulière aux visages.
Jeune marié de quelques heures, dans l'express qui les emportait, il fut tourmenté par l'expression d'une voisine au large et laid visage, qui considérait les tourtereaux avec la fixité d'un crapaud. D'autres yeux, dévorateurs, l'incitaient à la fuite, tels ceux, d'un bleu laiteux, d'une visiteuse dont la chair rosâtre exsudait de troubles désirs ; ne cherchaient-ils pas à l'hypnotiser d'une sympathie douteuse ? Luc se contenta de la haïr, avec courtoisie. (...)
Commenter  J’apprécie          20
Idée, idée, tu persécutes
En vain mon coeur léger.
Je ne suis qu'homme en parachute
Balancé pour l'éternité.
Tout juste me résigne
A passer au divin.

Si je taille ma vigne
Las ! j'y bois tout mon vin.

si je cueille au verger,
je les croque mes pommes.
N'est-il pas un peu tard
Pour rêver d'être un homme ?
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Biebuyck (5)Voir plus

Quiz Voir plus

Vie et oeuvre de Jacques Biebuyck

Quelle est la nationalité de Jacques Biebuyck ?

France
Espagne
Belgique
Wallonie indépendante

6 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Jacques BiebuyckCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}