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Citation de pgremaud


L'histoire de cette Provence-là pourrait bien être une autobiographie du romancier, et sa géographie l'invention de l'espace où dérivent et délirent ses désirs, le lieu (l'incarnation de ses fantaisies les plus secrètes) ; l'ethnologie de cette province exotique et achronique nous présente moins une société que des « types» et, à la limite, le type gionien de l'homme.
Ce serait pourtant oublier, un peu trop étourdiment, que Jean Ie Bleu, enfant de Manosque, prend ses vacances à Corbières ; qu'Angelo traverse la Provence de Banon à Théus en passant par Manosque, Vaumeilh et autres lieux... tous inscrits sur la carte Michelin no 81. Que Pauline de Théus meurt à Marseille et que le narrateur de Noé voyage en autorail de Manosque à la gare Saint-Charles.
La Provence de Giono est donc à la fois utopique et réelle, géographiquement située ; et le mystère qu'elle nous propose, comme toute l'œuvre de Giono d'ailleurs, est celui du rapport exact qui existe, ou que l'artiste plutôt fait exister, entre l'imaginaire et la réalité ; Giono ne fait qu'explorer ce mystère, en s'y exposant corps et biens, sans jamais prétendre le résoudre : dans son œuvre, en somme, une Provence imaginaire se superpose «en volume» (Noé) à la Provence réputée réelle.
Et pourquoi la vision ne serait-elle pas plus réelle — ou du moins autant — que la réalité ? Qu'est-ce que la réalité ? Une abstraction utile. Concrètement, sensiblement, il n'y a que des réalités. Mais celle de l'artiste est un miroir où nous croyons reconnaître la nôtre. «Car, dirait Giono, le monde inventé n'a pas effacé le monde réel il s'est superposé. » (Noé). Et si nous nous y reconnaissons mieux, c'est grâce à la présence réelle de la Provence (géographique) sur laquelle se « superpose» la vision de Giono.
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