(...) Il s'étonna que je pusse m'apitoyer sur Ramat :
— Voyons ! me fit-il. On lui a donné une allocation de 5 000 francs... Et chaque année, il touche un secours de 200 francs !
Eh oui, ce ministre d'une Démocratie trouvait que c'était là assez payer la perte de deux jambes à un pénitentiaire ! Il est vrai qu'on se montre rarement aussi large, au ministère de la guerre, pour les victimes des tortionnaires des bagnes militaires.
Désormais, pour un pénitentiaire qu'on assassine, on accorde, invariablement, à titre d'indemnité à la famille, une somme de 2000 francs, en tout et pour tout !
Hé ! Là-bas, dans le bled... hé ! hé ! les bourreaux ! ... Pourquoi vous gêner ? ... Allez-y ! ... Mais n'estropiez pas ! ... Tuez tout à fait ! ... Ça coûte encore moins cher !...
Si la simple humanité commande la suppression radicale des bagnes militaires, l'honneur national l'exige non moins impérieusement. La France est la seule nation où se soient conservés ces vestiges honteux d'un passé mort.