À peine annoncé, dimanche 10 mars 2024, le projet sur la fin de vie suscite déjà la controverse au sein de la société et des institutions françaises. En cause notamment, l'expression "d'aide à mourir" mise en avant par le président de la République, qui fait craindre à certains une dérive éthique de la médecine.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
Frédéric Worms, philosophe.
Jacques Ricot, chercheur associé et chargé de cours (1998-2010) au département de philosophie.
Visuel de la vignette : Peter Dazeley / Getty
#justice #société #politique
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Point n’est besoin d’insister sur la règle médicale qui impose d’accueillir le premier venu quelles que soient ses croyances et même quelles que soient les actions éventuelles dont il a pu se rendre coupable. Là encore, la suspension des appartenances explicites du soignant et du soigné est la condition de l’instauration du pacte de soins qui les lie l’un à l’autre. Mais la neutralité et la séparation des sphères par quoi se définit la laïcité ne signifient pas l’ignorance mutuelle. Car la séparation n’exclut pas l’articulation.
Quand toute une société martèle que le critère de vie valant d’être vécue est d’être en pleine possession de ses moyens, est-on si libre de se déterminer ?
(au sujet de la fin de vie)
Il n'est pas possible au sujet humain dans sa finitude de tout pardonner. Mais il n'est pas possible de décréter qu'il existe un impardonnable absolu.
Comme la naissance, la mort est un événement unique dans la vie d’un individu. Les biologistes ont coutume d’en faire une exigence de la vie en rappelant que la mort fait partie du système sélectionné dans le monde animal et dans son évolution.
La mort est un événement naturel au sens où elle est conforme aux lois de la nature, affirme-t-on souvent. Elle est la condition du renouvellement de la vie et un lien apparaît évident entre la sexualité et la mort. L’espèce se perpétue parce que la sexualité permet la reproduction avant le vieillissement, prélude de la mort. On naît, donc on meurt, on meurt donc on naît.
En réalité, cette vision est trop simple, et même inexacte parce que personne ne peut aujourd’hui affirmer avec certitude que la mort cellulaire programmée, pas plus d’ailleurs que la sénescence cellulaire, joue un rôle direct dans le vieillissement et la mort des individus.
« Riche en références éthiques, philosophiques et médicales, la réflexion de Jacques Ricot vient nourrir avec beaucoup de talent et d'honnêteté intellectuelle un débat qui, grâce à des personnalités comme la sienne, gagne en apaisement et en profondeur. » (Extrait de la préface de Jean Leonetti.)
L'impardonnable résulte de l'impuissance humaine quand la douleur est trop intense, que le deuil ne parvient pas à se vivre. Certes on peut toujours arguer que cette incapacité à pardonner de la part de la victime ou de ses proches n'est pas définitivement impossible, qu'une temporalité doit être respectée et que les conditions du pardon seront peut-être réunies ultérieurement.