Jacques Rouxel

Les Shadoks n'ont pas de mer, mais ils ont un marin. Logique. Il a même un bateau, avec des rames, un équipage et tout. Pour avancer, c'est facile : on prend l'eau qui était derrière, et on la remet devant. Simple, mais il fallait y penser. Mais voilà : le marin Shadoks est frondeur, il commence à gêner. Le chef Shadoks et ses comparses finissent par l'envoyer dans une mission dont ils espèrent bien qu'il ne reviendra pas : traverser le cosmos pour aller voler la fusée des Gibis. Oui, à ce compte là les Shadoks auraient pu l'utiliser pour aller sur Terre, mais c'était beaucoup trop simple.



A peine partis, les Shadoks érigent un magnifique monument à leurs hardis marins perdus dans le cosmos. Malheureusement, ils font l'erreur de revenir. Appréhendé manu militari, on leur enjoint de retourner illico se perdre dans le cosmos une bonne fois pour toute parce qu'on ne va quand même pas démolir un aussi joli monument rien que pour eux, non mais sans blague. Dès lors, exilé par le ciel, le marin rumine sa vengeance…



Un magnifique opus qui apporte aussi son lot de sagesse immortelle : « c'est en forgeant qu'on devient musicien », « pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes », « le repos est une chose trop importante pour la confier à d'autres que des spécialistes »… Mes futurs principes managériaux.

Pourquoi ai-je pensé seulement maintenant à faire la critique de cette œuvre, alors qu’il s’agit de l’alpha et l’oméga de la littérature et du cinéma ? Les Shadoks sont l’œuvre ultime. Leurs proverbes et leurs devises n’ont pas d’égaux. Mais pour les plus jeunes, reprenons par le commencement.



Donc, à l’origine, il n’y avait pas grand-chose dans l’univers. Au centre du ciel, il y avait la Terre. A gauche du ciel, il y avait la planète Shadoks. Elle avait la propriété de se déformer sans prévenir, ce qui était très désagréable pour ses habitants, qui du coup pouvaient tomber à tout moment dans le vide. A droite du ciel, il y avait la planète Gibi. Elle était plate et pas très épaisse, si bien que si on faisait un trou on risquait de tomber au travers. Qui plus est, quand trop de monde s’entassait d’un côté, elle penchait et des gens tombaient. Les deux peuples décidèrent donc de laisser leurs planètes mal fichues pour aller sur la Terre, qui avait l’air de mieux fonctionner.



Les Gibis étaient de petits quadrupèdes souriants, vêtus de chapeaux melons qui leur permettaient de mettre en commun leur intelligence. Les Shadoks étaient des sortes d’oiseaux perchés sur de longues pattes filiformes, et totalement idiots. Les premiers, grâce à leurs connaissances, construisirent une fusée cinq étoiles. Les seconds accouchèrent d’un tas de ferraille bizarre, calculèrent qu’il avait une chance sur un million de marcher, et se hâtèrent donc de rater les 999 999 premiers essais pour arriver au millionième.



Sous l’humour se cache, on le sait plus ou moins, une critique sociale et une satire des bons Français et de leurs travers. ‘’Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué’’ ? Une fois qu’on a écrit cette phrase, on a couché sur papier l’âme humaine.

L'année 2000 n'est pas une année comme les autres.

C'est l'année où se produisit la grande fracture, celle qui a, de nouveau, déchiré le monde entre shadokophobes et shadokophiles.

Les Shadoks sont revenus et à cette occasion la chaîne cryptée nous a offert ce petit livre qui n'a l'air de rien mais dans le rien on peut mettre beaucoup.

Ce retour, personne ne l'attendait et il nous a d'autant plus fait plaisir.

Jacques Rouxel est toujours aux commandes et la voix inimitable de Claude Piéplu résonne à nouveau :

C'était il y a très, très, très longtemps,

en ce temps là, il y avait...le ciel.

A droite du ciel, il y avait la planète Gibi.

Elle était complètement plate et elle penchait

soit d'un côté, soit de l'autre.

A gauche du ciel, il y avait la planète Shadok.

Elle n'avait pas de forme spéciale...ou plutôt...

elle changeait de forme.

Au milieu du ciel, il y avait la Terre,

qui était ronde et qui bougeait.

Sur la Terre, il n'y avait apparemment rien.....

Ce petit volume est un condensé des albums originaux. Il a été conçu pour initier les "béotiens" à la fantaisie "shadokienne" afin de les préparer à cette quatrième saison inespérée, "les Shadoks et le big blank".

Si il vous a mis l'eau à la bouche, je me permettrai de vous conseiller tout d'abord les deux albums originaux : "les Shadoks et les Gibis" paru en 1968 et "Pompe à rebours" paru en 1975 puis tous ceux qui ont suivi : "les Shadoks" paru en 1990, "la vengeance du marin" paru en 1996, "la course à la lune" paru en 2000 et finalement "les Shadoks et le big blank" paru en 2006.

"C'est tout pour aujourd'hui".

C'était il y a très...très...très...longtemps...En ce temps-là, il y avait...le CIEL et au milieu du CIEL, il y avait la TERRE...qui était ronde et qui tournait.

Sur la TERRE, il n'y avait apparemment rien...

A gauche du CIEL, il y avait la planète SHADOK.

A droite du CIEL, il y avait la planète GIBI.

Les SHADOKS ressemblaient à des oiseaux. Ils avaient un bec et des pattes, mais leurs ailes étaient ridiculement minuscules...

Les SHADOKS sont excessivement...méchants.

Il y avait des SHADOKS de deux sortes : des SHADOKS avec des pieds en bas qui vivaient au dessus de la planète ; et des SHADOKS avec des pieds en haut qui vivaient de l'autre côté et qui servaient à soutenir la planète par en dessous...

Sur la planète GIBI, il y avait des animaux qui s'appelaient les GIBIS.

Les GIBIS étaient de petits animaux très gentils avec un petit chapeau sur la tête pour pouvoir se dire bonjour...et ils étaient très très intelligents....

Paru en 1975, cet album est le premier réalisé par Jacques Rouxel.

C'est une bande-dessinée qui vous souhaite la bienvenue dans l'univers en deux dimensions de ces drôles d'oiseaux qui, à partir de la fin des années 60, firent, à travers le petit écran, des ravages dans la raison des français.

Il est le livre original et indispensable pour tout les amoureux de la série, pour les plus jeunes qui ne la connaissent pas et pour tous les curieux qui veulent en savoir plus sur la conquête spatiale, sur le Cosmogol sur Shadoko le sorcier plombier et sur la logique Shadok qui ne repose pas sur des bases solides.

Mais vous ne saurez rien sur Gégéne qui, comme nous le verrons par la suite, n'avait pas l'intention de disparaître du tout...

Alors me direz-vous :

"Et la voix indispensable du narrateur formidable Claude Piéplu ?"

Et bien, je vous promets qu'il me semblait bien l'entendre à travers cette superbe bande dessinée.

...C'EST TOUT POUR AUJOURD'HUI...

Créé par Jacques Rouxel, avec la voix de Claude Piéplu pour la narration, le dessin animé les Shadoks a révolutionné la télévision à l’ORTF. Des oiseaux surprenants y proposaient trois minutes d’humour absurde et hilarant. Une série de péripéties apprenant à pomper, pomper, pomper, leur obsession permanente. Pour vivre, il faut pomper et faire compliqué  car « plus ça rate, plus plus on a de chance que ça marche »… Issus de la pataphysique, du surréalisme et de l’humour britannique, les Shadoks bousculaient le conformisme, déjà attaqué par les manifestations, les grèves des étudiants et des ouvriers en 1968. Le jour de naissance des Shadoks, le 29 avril, est également celui de l’anniversaire du « râteau » dans le calendrier républicain français révolutionnaire ! Les Shadoks ont inventé la fusée interplanétaire, le désordinateur, la théorie des passoires, des idées qui peuvent encore aujourd’hui nous inspirer ! Leur créateur, Jacques Rouxel, a écrit leurs aventures en tout genre, notamment avec l’encyclopédie Les Shadoks en grande pompe pour tout savoir sur ce mythe à délirer… Efficace pour l’activité animée de nos mâchoires !

A lire, relire et partager.

Livrement vôtre

Quel souvenir ! Ma joie devant ces petits moments de délire qui changeaient tellement de la télé compassée, l’incompréhension courroucée de mon père, la voix de Pieplu… On en retrouve le parfum nostalgique et souriant dans cet album.

Chaque soir dans les foyers, les téléspectateurs se déchiraient pendant deux à trois minutes à propos de Les Shadows, programme court diffusé sur l télévision française. Il y avait les pro et les contre. Deux mondes qui ne pouvaient se rejoindre. Car on n'avait jamais vu ça ! « Ça », c'est-à-dire la voix extatique du formidable comédien Claude Piéplu, narrant les aventures de deux tribus venues de l'espace, les fameux Shadoks et les Gibis Les premiers, méchants, incultes, ne connaissaient que quelques syllabes « Gas Bu, Zo, Meu» et passaient leur vie à pomper... Les deuxièmes, gentils, intelligents, légers avaient la tête couverte d'un chapeau melon anglais.

Retranscription de l'ensemble des textes lus par Claude Piéplu, voix des Shadoks sur les 4 saisons diffusées entre 1968 et 2000. Très intéressant pour analyser la déconstruction de la langue et de la logique et recelant de nombreux proverbes absurdes et humoristiques.

La mise en page reprend joliment l'esprit Shadok. Chaque texte est emboité dans une case plus ou moins déformée et déconstruite, il faut tourner le livre en tout sens pour découvrir et lire les textes.

La logique shadok paraît complètement déjantée:

"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?"

Et pourtant, nous devons n'être TOUS qu'une bande de shadoks puisqu'il est devenu impossible de trouver une voiture neuve ayant la merveilleuse simplicité de l'emblématique Deuche...

Même la casserole à roulettes dite "voiturette" est infestée de gadgets..

Inversement, nous avons possédé un moteur marin (Couach YN1 des années 20) dont je disais que le concepteur devait être le fruit des amours contre-nature entre un Anglais ivre et une Chinoise opiomane...

Un illogisme qui s'apparentait à l'oeuvre d'art... Anglo-chinois quoi, ou shadok.

Ce folioscope, appelé aussi feuilleteur, (en anglais flip book), est un petit livret de photographies tirées du film d'animation "Les Shadocks" de 1968

Elles sont composés chronologiquement, et, feuilleté rapidement, elles procurent à l'œil l'illusion du mouvement, illusion optique provoquée par la persistance rétinienne et l'effet phi.

Un étonnant petit livret à manipuler sans modération, pour tous les amoureux des belles choses et du dessin animé en particulier.