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La femme sans ombre

Dans l'opéra de Richard Strauss, la «Femme sans ombre», la fille du Prince des Esprits, ayant épousé un simple mortel, doit sortir de son état dématérialisé (elle n'a pas d'ombre) et devenir humaine pour pouvoir lui donner des enfants. Et l'on entend dans le lointain le chant des enfants «non nés» qui demandent à venir au monde: «Nous voulons vivre, nous voulons une mère».

Prenant conscience de la détérioration planétaire et des menaces qui s'accumulent sur l'avenir de l'humanité, de plus en plus de jeunes couples se posent la question de la pertinence de mettre au monde des enfants.

À ceux qui se demandent mon avis sur la question, je fais cette réponse apparemment absurde: «Si on vous avait consulté avant votre naissance sur l'opportunité de naître ou non, qu'auriez-vous répondu?»

Et j'ajoute: Si vous considérez que la vie n'est pas un opprobre qu'il aurait mieux valu ne jamais connaitre ? Si vous considérez que tout compte fait, elle est merveilleuse et vaut la peine d'être vécue et que, quelque part elle a un sens, alors vous avez votre réponse. Donner la vie, c'est s'intégrer dans une démarche aux dimensions cosmiques chargée d'un mystère qui nous dépasse de toute part.
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Dans un geste qu'on aurait pu prendre pour l'une de ces bizarreries qu'on attribue aux femmes enceintes, Isabelle s'était saisie de deux grandes ramures de cerf qu'elle avait mise en garde de part et d'autre de son ventre.

Voilà, photographiez-moi.

Cela faisait un bloc étrange. Puissant. Quelque chose d'insolite et de sauvage.

La forêt, me dit-elle, est le lieu du travail de Philippe. Nous sommes depuis longtemps attentifs à la présence des arbres, aux rythmes naturels, aux passages des grands animaux, aux vols migratoires des oiseaux... Alors, au moment de la grossesse...

Sans l'avoir fait exprès, nous avons conçu notre bébé à la période des mues ; nous savions qu'il accomplissait ses premiers développements tandis que se renouvelaient les ramures des cerfs. Il faut quatre mois pour que s'épanouissent les bois sur la tête d'un cerf.

J'imaginais cette matière vivante en train de se former doucement quelque part alors que je portais mon enfant dans la broussaille de ma chair...

Dans ces grands arbres de la forêt, pourquoi un cerf (demi-bête, demi-dieux) ne protégerait-il pas un petit enfant à naître ?
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Pour qui l'amour des cavernes, des cachettes, des trous de verdure, pour qui a eu, un jour, l'envie de se recroqueviller dans les creux d'ombre, le mot obscur est un mot de douceur. Mot protecteur, enveloppant, tourné vers le dedans, qui, à force d'être sombre se tend vers une clarté à venir, quelque chose en attente, un espace à remplir : profond.

Je n'ai jamais eu peur de la nuit.

Cette grande nuit, métaphore du ventre maternel, avec la lune, bonne bouille féminine, qu'on disait accoucheuse énigmatique et lointaine... Qu'une troublante connivence puisse s'établir entre une planète et un ventre fécond, quel joli conte au bonheur de la forme ronde !
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Dans la chaleur de l'après-midi, au début de l'été, Sophie s'était endormie. Son corps superbe, abandonné au sommeil gardait curieusement quelque chose d'enfantin. Et pourtant, ce ventre plein qui émergeait si tendu du désordre des draps imposait la maturité d'un fruit énorme, la force immuable d'une montagne féconde. Cime de silence sur un monde apaisé et violent tout à la fois.

Je n'avais pas prévu, j'arrivais en désordre, chargé d'appareils, mon trépied en travers... Il fallait faire vite, je savais que le plus petit mouvement pouvait compromettre l'équilibre admirable d'une harmonie fragile.

Il m'a semblé pourtant qu'il était possible, une fois encore, de faire confiance à ce qui dure. S'arrêter. Prendre le temps. Attendre. Regarder par plaisir. Mais l'évidence du visible se retourne vite en incertitude.

Ce corps dans son sommeil était comme une île, forcément lointaine comme le sont toutes les îles... Île féminine du mystère de la vie qui s'engendre. L'un en deux.

Il doit être bien étrange de ne plus se sentir seule dans le corps qu'on habite. Lorsque la maman dort, son bébé l'accompagne-t-il dans un songe commun ? Jusqu'où ? Terra incognita où l'homme n'a pas accès.
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Parfois, en regardant se faire et se défaire les vagues sur la mer, il m'arrive de songer à la patience de ces porteuses d'enfants qui savent si bien, en elles, ourler (de façon sans doute aussi obscure que lucide) le coquillage d'une oreille, comme un bijou vivant.
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Le moment est venu de faire place au silence. Les images n'ont pas besoin des mots. Au-delà du gris de leur matière s'ouvre un monde intérieur insondable qui appartient à chacun de nous. Comme toute image, une photo est une attente de celui qui regarde.
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Quant à moi, je voudrais qu'il soit possible de mettre face à face deux parts d'ombre, deux attentes, deux patiences... L'obscur du ventre et cette autre obscurité de la caméra justement obscura. Deux mystères. D'une nuit l'autre, faire surgir la lumière.
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