AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enzo92320


Ainsi, au bout d'un certain temps, les patients des freudiens « découvrent » et croient que leur problématique essentielle relève de la sexualité, les patients des adlériens croient que le noeud de leurs difficultés réside dans des sentiments d'infériorité et dans la volonté de s'affirmer par des compensations, les analysés de Rank croient que leurs problèmes cachent l'angoisse de la séparation, les analysés des jungiens découvrent des archétypes, leur «ombre» et leur «anima», et ils croient que la racine de leur névrose procède du conflit entre la «Persona» et le « Soi». Les analysés des lacaniens confirment tous que «l'Inconscient est structuré comme un langage»: ils rêvent et associent en faisant des jeux de mots... Quand on lit successivement des cas publiés par Freud, Adler, Jung, Rank et autres dissidents, on constate que les histoires des patients en disent beaucoup plus sur la théorie du psychanalyste que sur le patient. La cure est un conditionnement au long cours, une lente initiation à la doctrine de l'analyste. Les patients deviennent des croyants, des disciples.
Par ailleurs, les analystes « vérifient » avec chaque analyse leur théorie et se convainquent eux-mêmes de plus en plus de sa vérité. La foi des analystes et celle des analysés se renforcent par des conditionnements bidirectionnels. En 1913, quand Freud annonça à Ferenczi la rupture avec Jung, il écrivit: «Je considère qu'il n'y a aucun espoir de rectifier les erreurs des gens de Zurich et je crois que, d'ici deux à trois ans, nous évoluerons dans des directions totalement opposées sans arriver à une compréhension mutuelle ». Quelques jours plus tard, il ajouta: «Nous possédons la vérité. J'en suis aussi convaincu maintenant qu'il y a quinze ans » (cité dans Jones, II, 158).
Nul thérapeute ne peut, de par ses paroles et ses silences, s'abstenir d'influencer des idées de son patient. L'essentiel est de prendre conscience de ce fait pour éviter de se laisser grossièrement piéger. Le problème est grave lorsque les interventions du thérapeute sont dogmatiques et qu'elles poussent un patient crédule dans une direction inopportune. C'est par exemple le cas quand la thérapie est consacrée à la recherche des souvenirs ou des fantasmes de la prime enfance alors qu'il serait infiniment plus utile d'apprendre comment se défendre face à un manipulateur comment se libérer de schémas de pensée démoralisants. (p.73-74)
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}