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Critiques de James Abbott McNeill Whistler (3)
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Mon ami Oscar Wilde...

Alors... Je ne sais pas très bien comment débuter cette critique sans avoir l'air d'une écervelée qui se fiche de ce qui se passe en Europe actuellement (à l'évidence, il se passe plein d'autre choses ailleurs tout le temps - citons au hasard l'Afghanistan et le Yemen, parmi tant d'autres régions du monde -, mais il faut bien avouer qu'on se sent moins en général moins concerné dans ces cas-là quand on est Européen, ce qui n'est certes pas très glorieux). Disons seulement que j'ai changé de sujet de chronique au dernier moment et que j'ai fait le choix de la clownerie, non pas que ça puisse aider en quoi que ce soit les Ukrainiens (ou les Moldaves, qui ont des raison de s'inquiéter plus que nous autres), mais parce que... Ben parce que vous me connaissez, quoi, et que faire le clown en parlant d'un livre - pardon, je voulais dire "d'une aberration éditoriale" en fait -, c'est quasiment devenu chez moi une seconde nature. Donc... voilà.





Je pense sérieusement à concocter une liste "Curiosités éditoriales : quel public ?", dans laquelle rentrerait sans problème ce livre, au titre trompeur. Déjà, je vais vous éviter une perte de temps, au cas où le nom de l'auteur ou le titre auraient titillé votre curiosité : ne lisez pas ce bouquin, il est d'une inutilité criante. J'en parle en connaissance de cause, vu que, sans savoir de quoi il ressortait, je l'ai emprunté à la bibliothèque afin d'effectuer quelques recherches sur le peintre James Mc Neill Whistler. Mal m'en a pris.





Je ne vais évidemment pas présenter Oscar Wilde, et je vais aller vite à propos de Whistler pour ceux qui ne sauraient pas qui il est. Whistler est un peintre de la fin du XIXème siècle officiellement américain, bien que vu comme anglais (même s'il a pu se dire russe pour des raisons futiles, mais de toute façon il aimait bien faire le malin en disant ceci ou cela). En gros, en France, on le voit comme un peintre anglais et il a souvent été exposé avec d'autres artistes anglais. Plus important, il fut un peintre très novateur (et donc qui essuya en son temps des critiques outragées et peu éclairées), peintre qu'on rapproche souvent de Turner ou de l'impressionnisme, voire de l'abstraction (ce qui pour le coup est aller un peu loin, à mon sens). Wilde et Whistler furent amis, mais la renommée De Wilde, de vingt ans le cadet de Whistler, agaça beaucoup ce dernier. Whistler considéra donc que Wilde le "copiait", ce qui n'est pas évident à comprendre vu que Wilde n'était absolument pas peintre. le fait est que les deux hommes partageaient un goût certain pour le flamboyant et, disons, l'excentrique. Bref, ils aimaient bien s'habiller de façon soignée et voyante, mais aussi faire les malins et jouer les langues de vipère, et ils se sont adressés des mots doux via la presse écrite dans les années 1880-1890. Pourquoi, dans le bouquin que j'ai devant les yeux, on n'explique quasiment pas au lecteur le contexte de ces échanges dans la presse, dont des extraits constituent une part de l'ouvrage, voilà une question intéressante. Pourquoi nous fait-on croire avec la couverture que l'essentiel de ce bouquin est consacré aux relations de Whistler avec Wilde, voilà une autre question tout aussi intéressante.





Ce livre est de format riquiqui et contient moins de 60 pages, dont à peu près vingt se rapportent aux échanges De Wilde et de Whistler (sous forme d'extraits, je le redis). Eh oui, le véritable titre se trouve être : "Mon ami Oscar Wilde... Suivi de : Les critiques, et mes propositions", mais pour savoir ça, encore faut-il déjà tourner quelques pages. Par honnêteté éditoriale, ce livre devrait plutôt s'intituler "Les critiques, et mes propositions, précédé de Mon ami Oscar Wilde" (il est évident que ça aurait été un titre beaucoup moins vendeur que celui choisi), mais passons. Passons aux vacheries que s'envoyaient par voie de presse Whistler et Wilde : c'est ennuyeux, pas drôle, sans intérêt aucun. Et c'est sans compter certaines allusions incompréhensibles que l'éditeur (Séguier, en l'occurence) n'a pas jugé bon d'expliciter. Bref, vingt pages pendant lesquelles on s'emmerde. Il y a peut-être une petite phrase De Wilde qui fait sourire, et ça s'arrête là. Vous n'apprendrez rien sur Whistler ou sur Wilde par ce biais.





Quant aux très courts texte suivants regroupés sous le sous-titre "Les critiques, et mes propositions", ça n'est pas plus passionnant. Notons au passage que ces deux regroupements de textes très brefs (car ce n'est que ça, il ne s'agit aucunement d'extraits d'une correspondance suivis d'un essai) sont issus d'un livre plus gros, The Gentle Art of Making Enemies, où, entre autres, Whistler parlait de son procès contre John Ruskin. Oui, parce qu'avant d'envoyer des piques à Oscar Wilde et à certains critiques, Whistler s'était déjà légèrement emporté contre John Ruskin, écrivain, critique et peintre, ayant beaucoup influencé les Préraphaélites qui - et je ne m'avance pas beaucoup en disant ça - ont laissé un peu plus de traces dans l'histoire de l'art que Ruskin lui-même... Revenons donc à Whistler et Ruskin : Ruskin avait sorti un truc bête et méchant sur un tableau aujourd'hui très célèbre de Whistler, Whistler s'était énervé plus que de raison et avait intenté, contre tous les conseils de ses amis, un procès à Ruskin, procès ayant presque réussi à ruiner ledit Whistler. Et pour en revenir à notre livre, il se trouve que la maison d'édition Séguier avait publié en 1995, en même temps que Mon ami Oscar Wilde..., un autre extrait de The Gentle Art of Making Enemies traduit en français, consacré à ce procès entre Whistler et Ruskin et intitulé (de façon extrêmement extravagante) : le Procès contre Ruskin. Étonnamment, ces deux livres de chez Séguier ont été réédités depuis 1995 ; j'ai beau chercher qui pourrait bien dépenser de l'argent pour acheter des extraits d'un texte que les passionnés de Whistler vont plutôt lire dans son intégralité et en anglais (car peu de livres intéressants sur Whistler existent en français), je ne vois pas... Pas encore, du moins.





Donc, "les critiques, et mes propositions". Déjà, ça commence avec un texte de Baudelaire qui chante les louanges de Whistler, et là je dis : non. Non. Non non non. Whistler ne pouvait évidemment pas savoir quand il a publié son bouquin (et il n'en aurait eu cure, je pense) qu'on allait endoctriner le public des musées français pendant des décennies avec les critiques d'art de Baudelaire. Mais moi, je le sais pour l'avoir beaucoup vécu. Et que je te cite Baudelaire (ainsi que Théophile Gautier, qui pose un autre problème) à toutes les sauces dans les visites thématiques des musées, et que je te publie les critiques de Baudelaire en livre de poche, en faisant croire que les platitudes de Baudelaire sont d'une acuité extraordinaire. Stop ! Lisez Les Fleurs du Mal ou je ne sais quoi d'autre si vous aimez Baudelaire, mais arrêtez de nous le présenter comme un critique d'art pointu, ce qu'il n'était pas, ce qu'il n'a jamais été. J'en veux pour preuve ce qu'il a pu dire sur la photographie - là-dessus, d'ailleurs, Whistler était à peu près aussi peu visionnaire que Baudelaire. Ce n'est pas parce que Baudelaire a été un grand poète que chaque phrase qu'il a écrite ou prononcée était intelligente, loin s'en faut. Bref. Bon, ben "Les critiques, et mes propositions", c'est sans intérêt. Parfois Whistler essaie d'être drôle (or l'humour, c'était visiblement pas vraiment son fort), parfois il s'énerve et explique ce que l'art est pour lui (et malheureusement, c'est très court et donc très insuffisant), parfois il dit des sottises (sur la photographie, notamment), et parfois (et c'est seulement là qu'on trouvera le livre un peu drôle), il donne à lire des extraits d'articles écrits par des critiques décérébrés qui, à l'évidence, ne comprenaient rien à la peinture de Whistler.





Je le répète : ne lisez pas ce livre. Que vous soyez intéressés par Wilde ou par Whistler, ou par les deux, vous trouverez forcément mieux ailleurs. J'avoue que le monde de l'édition française ne cesse de me surprendre. Ainsi que le monde des bibliothèques. Pourquoi ce livre, qui va bientôt avoir trente ans, n'a-t-il pas disparu des collections de ma bibliothèque municipale, alors que des tas d'autres bouquins de qualité sont soit désherbés, soit jamais achetés ? Pourquoi et pour qui publie-t-on ce genre de livres ? Pas pour les passionnés De Wilde et de Whistler, qui iront voir ailleurs. Pour des snobs qui aiment à faire les malins en brandissant une niaiserie pas chère (si l'on considère que 7,50 euros pour un livre pareil, c'est pas cher ; selon moi, c'est du pur et simple vol) signée Whistler ? Probablement. Il y eut en 1995 une rétrospective Whistler au musée d'Orsay à Paris, donc on comprend bien que ce genre de fanfreluche a dû se vendre comme des petits pains à la boutique du musée cette année-là (les boutiques de musées sont des machines à arnaquer les visiteurs, ce n'est plus à démontrer). Que le même livre ait été réédité depuis, voilà qui laisse davantage songeur.
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Le Procès contre Ruskin ; suivi de L'Art et l..

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Curieux personnage que James Abbott Mac Neill Whistler.

Peintre américain vivant à Paris, puis à Londres. Cet artiste, dandy à l’esprit prompt aux réparties cinglantes, est l’auteur du recueil : « Le noble Art de se faire des ennemis ». Et des ennemies, il n’en manque pas ! Nous le voyons au centre de la toile « L’hommage à Delacroix » peinte en 1864 par son ami Fantin-Latour. Il parade au premier plan, grand, une mèche blanche au milieu de boucles noires, une cambrure de toréador. Il peint des toiles qu’il appelle des « arrangements », des « symphonies » ou des « nocturnes » en leur donnant des numéros et des noms de couleurs. Il signe avec un petit papillon dessiné.



Le 15 novembre 1878, cet anticonformiste ne craint pas de faire un procès en diffamation au célèbre critique d’art anglais John Ruskin, ardent défenseur des préraphaélites, prêchant pour une peinture littéraire et moralisante.

Ruskin avait publié un jugement diffamatoire sur l’œuvre du peintre en utilisant des phrases très dures : « La mauvaise éducation de monsieur Whistler est une imposture préméditée. Je n’ai jamais entendu un bouffon réclamer 200 guinées pour avoir jeté un pot de peinture à la face du public ». Le pot de peinture était le tableau de Whistler : « Nocturne en noir et or – la chute de la fusée ».

Le Tout-Londres va se presser à ce procès pour rire de l’humour de Whistler.



Je reprends quelques passages d’un récit de l’un de mes recueils pour donner un aspect réaliste du procès :



Le jour du procès, l’Attorney Général avait interrogé Whistler sur l’œuvre faisant l’objet de la procédure. L’artiste était très détendu, prêt à faire front et à démontrer ses théories sur la peinture.

— Quel est le sujet ? Une vue de Cremorne ?

— Ce Nocturne en noir et or est un effet de nuit et représente un feu d’artifice dans le parc de Cremorne. Rien de plus.

— Combien de temps avez-vous mis pour peindre ce tableau ?

— J’ai dû travailler dessus environ deux jours, Sir.

C’était le moment qu’attendait l’Attorney. Il avait lancé la phrase qu’il escomptait décisive :

— Oh ! Deux jours ! Et vous demandez 200 guinées pour un travail de deux jours ?

Devant le sourire goguenard de l’homme, Whistler avait senti qu’il devait réagir.

— Vous n’avez pas compris, Sir ! Je ne prétends pas faire payer le travail de deux journées, mais uniquement la science que j’ai appliquée à l’exécution de l’œuvre. Cette science, je l’ai acquise par le labeur de toute ma vie.

Les applaudissements avaient été nourris.

Les témoins de Ruskin considéraient que les « Nocturnes » étaient des œuvres non finies ne valant pas 200 guinées. Certains comparaient les tableaux a du papier peint légèrement coloré.

Pour finir, l’Attorney Général avait demandé à Whistler :

—Ainsi, monsieur Whistler, vous prétendez que ceux qui sont initiés aux techniques ne devraient rencontrer aucune difficulté à comprendre votre œuvre. Mais pensez-vous être en mesure de me faire voir, à moi, la beauté de ce tableau ?

Whistler avait réfléchi. Le visage narquois de ce faquin imbu de lui-même l’énervait. Tour à tour, il avait examiné son visage, puis son tableau, et dit dans le plus grand silence :

— Non, Sir ! Je crains que ce serait aussi inutile que si un musicien versait ses notes dans l’oreille d’un sourd.

Vexé, l’Attorney avait terminé sa plaidoirie en disant : « Jamais autant d’amusement n’a été offert au public anglais que les tableaux de monsieur Whistler ».



À la fin du procès, Ruskin n’avait été condamné faiblement que pour son attaque injurieuse envers l’artiste. Aux yeux des jurés, le Nocturne en noir et or n’était qu’une simple tache noire, sans valeur. Whistler avait bien tenté de leur expliquer pourquoi l’art devait être dégagé de tout verbiage inutile, seules les formes et les couleurs importaient, et non l’objet ou le personnage représenté. Tous ces gens n’avaient rien compris à l’art…



Ce petit ouvrage « Procès contre Ruskin » comprend deux textes extraits, d’une part, du « Le noble Art de se faire des ennemis » parus en 1890, compte-rendu du procès complété de citations et réflexions humoristiques de Whistler signé de son papillon, d’autre part de « L’art et les critiques d’Art » dédié à Albert Moore par Whistler à la fin du procès.

Ce dernier écrit est un long réquisitoire injurieux contre Ruskin :

« Ruskin occupe une place à part, pour qui l’écriture est un art, indigne de son écriture. (…) Il faut en finir avec la suffisance et la superficialité ! Comment M. Ruskin, insatisfait de ses propres capacités, peut-il juger bon d’incarner le type même de l’incompétence, en parlant depuis quarante ans de ce qu’il n’a jamais fait ! »



Plusieurs œuvres de Whistler provenant de la Frick Collection à New York viennent d’être exposées au musée d’Orsay jusqu’au 22 mai dernier.



https://www.wikiart.org/fr/james-abbott-mcneill-whistler/nocturne-in-black-and-gold-the-falling-rocket




Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Exposition des Oeuvres de James McNeill Whi..

Dans mon panorama des peintres modernes, il ne faut pas que j'oublie James Abbott McNeil Whistler que j' ai aimé.

Bon l'engouement est un peu tombé maintenant avec les années, mais il demeure à mes yeux un grand peintre et une personnalité marquante de l'art moderne.

Est-il américain, anglais, russe, français .. il ne fallait pas trop le chatouiller là-dessus, mais anglais il l'a sûrement été pendant longtemps.

Je me souviens de ses portraits sur pied surdimensionnés exposés au Musée d'Orsay il y a un certain nombre d'années, c'était impressionnant ! Ses bords de mer crépusculaires dans des bleu gris, des verts véronese, viridian .. J'avais l'impression qu'il ne les devait à personne, sinon à son talent et à sa création.



C'est dans un film de Mister Bean qu'on voit le portrait magnifique de la mère de l'artiste, si je ne m'abuse
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