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Critiques de James C. McKeown (4)
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Rome un cabinet de curiosités contes étranges e..

Le mot curiosité serait né au XIIe siècle. Emprunté du latin curiositas, « soin », « désir de connaître ».

Le mot cabinet serait quant à lui né au XVe siècle, d’abord au sens de « petite chambre retirée servant de dépendance », et ensuite pour désigner un meuble.

Par à tension c'est devenu un Salle, ensemble de salles où sont exposés des objets d’art, des objets d’étude ou des curiosités.



Nous voici arrivés au cabinet de curiosités, il en existe de toutes sortes. En général ce sont des pièces, voire des meubles, où sont entreposées et exposées des « choses rares, nouvelles, singulières », autrement dites curieuses  : 

Et, il y en a pour tous les goûts :

Des objets d'histoire naturelle, qu'ils soient minéraux, animaux ou végétaux ;

Des objets créés de toutes pièces par l'homme que ce soient des objets issus de découvertes archéologiques, des antiquités, des médailles, etc... ;

Des objets modifiés par la main de l'homme ;

Des objets de vitrine ou l'on retrouvera des objets qui font l'objet d'une collection boîtes, tabatières, petits flacons) ;

Des objets à vocation scientifique, des automates, des objets d'optique ; 

Des objets ethnographiques, zoologiques, entomologiques, ou botaniques



L'objectif de ces cabinets de curiosités et de leurs accumulations était de faire découvrir le monde, y compris lointain (dans le temps et l’espace), de mieux le comprendre, ou de confirmer/infirmer des croyances de l'époque.

L'âge d'or de ces cabinets remonte à la Renaissance, c'était le studiolo en italien ou Wunderkammer en allemand.



Et bien voici au travers de cet ouvrage un nouvel item que l'on pourrait ajouter à cet inventaire à la Prévert : le cabinet de curiosités littéraires



En 23 chapitres qui abordent la famille, les lieux d'aisance, les animaux, la vie intellectuelle, les mets et boissons, l'auteur réussit à réunir dans un seul et même ouvrage des textes qui par leurs exhumations des profondeurs du passé à nous faire rire et/ou sourire, nous surprendre et/ou nous étonner, nous dégoûter et/ou nous écœurer, nous faire aimer et/ou adorer, nous faire nous rendre compte que nous n'avons rien inventé et/ou alors que nous avons bien évolué...



C'est parfois désuet

"Le mot abracadabra est peut-être d'origine sémitique, mais son sens originel s'est perdu. Il apparait pour la première fois dans le Liber medicinalis, ouvrage médical en vers latins de date et d'auteur incertains, si l'on associe tantôt à Serenus Sammonicus, érudit de la cour de Septime Sévère (règne de 193 à 211), tantôt au fils de Serenus, qui portait le même nom que son père et était un ami de Gordien Ier, éphémère emperear en l'an 238 de notre ère. Pour soigner la fièvre, Serenus recommande d'écrire sur une feuille, dont on fera un rouleau que l'on portera dans une amulette autour du cou, le mot que voici : ABRACADABRA

ABRACADABR

ABRACADAB

ABRACADA

ABRACAD

ABRACA

ABRAC

ABRA

ABR

AB

A"



Parfois caustique :

"Personne ne s'en est pris aux médecins avec autant de véhémence que Pline. Sarcastique, il qualifie leur note d'honoraires d'« acompte sur décès » (mortis arra). [HISTOIRE NATURELLE, 29.21.] "



Parfois d'une évidence morbide quoique :

"C'est commettre une grave erreur que d'avoir de belles demeures quand on est en vie et de ne pas se soucier de celle que l'on occupera beaucoup plus longtemps. [PÉTRONE, SATYRICON. 71.]"



Parfois cela remet quelques idées en place :

"Les gens riches prennent moins de plaisir à être riches qu'à s'entendre féliciter de l'être [LUCIEN DE SAMOSATE,LA SAGESSE DE NIGRIN. 23.]" ;

" Nihil aliud est ebrietas quam voluntaria insania / L'ivresse n'est rien d'autre qu'une folie volontaire" [SÉNÈQUE, LETTRES, 83.18.]



Bref tout ce que l'on retrouve dans un cabinet de curiosités est là sous nos yeux mais en mots, et c'est bien la force de ce livre.

La paradoxe c'est que ce livre pourrait rejoindre lui même un cabinet de curiosités tant l'objet parle de lui-même, il y a un fabuleux travail de mise an page, une recherche sur les typographies, le travail de reliure, cette couverture qui représente une mosaïque de Pompéi qui illustre, dans un style plutôt surréaliste , la fragilité de la condition humaine. La roue de la fortune , un papillon Symbole de l'âme et un crâne doté d'oreilles et de dents d'une splendeur plus qu'improbable, ont pour contrepoint un engin de levage utilisé en architecture d'où pendent une robe royale d'apparat et des guenilles de mendiant.



Et les livres ne sont pas en reste dans cet ouvrage, la preuve avec ces

"Si hortum in Bibliotheca habes, deerit nihiI / « Rien ne te fera défaut si ta bibliothèque est ton jardin » [CICÉRON, LETTRES À SES AMIS. 9.4.]" ;

"Les tablettes de cire sont plus commodes d'emploi, car on peut aisément effacer... tandis que sur le parchemin, la nécessité de tremper souvent la plume dans l'encre ralentit la main et interrompt le cours des idées. [QUINTILIEN, DE L'INSTITUTION ORATOIRE, 10.3.31.]"



François de La Rochefoucauld a dit :

“La curiosité n'est pas un goût pour ce qui est bon ou ce qui est beau, mais pour ce qui est rare, unique, que les autres n'ont point ; ce n'est pas un amusement mais une passion.”



Et bien notre curiosité est rassasiée de ces histoires dans l'Histoire :

"HISTORIAE PER SE TENENT LECTORES ; HABENT ENIM NOVARUM RERUM VARIAS EXPECTATIONES

L'HISTOIRE RETIENT L'ATTENTION DES LECTEURS PAR SA SEULE NATURE, CAR ELLE GÉNÈRE L'ATTENTE DE SURPRISES EN TOUS GENRES." [VITRUVE, ARCHITECTURE, 5, PRÉFACE.]



Et pour clore cette critique laissons la parole au livre lui-même :

Holà ! Ça suffit, petit livre !

Nous voici parvenus au bout du rouleau.

Tu voudrais avancer encore, aller plus loin .

Et tu ne peux être retenu à la dernière page.

On dirait que tu rien n'est fini pour toi

Lorsque tout est fini dès la première page.

Déjà le lecteur s'impatiente et se lasse :

Déjà le copiste lui-même te crie :

Holà ! Halte donc, ça suffit petit livre !"

[MARTIAL, ÉPIGRAMMES, 4.89.]



Pas si sûr car un volume équivalent sur la Grèce, s'impatiente près de moi....
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Grèce Un cabinet de curiosités

Dominique Fernandez dans son ouvrage "Le piéton de Florence", et plus précisément dans le dernier chapitre justement intitulé "Le Studiolo" écrit :



"Un temple du maniérisme, qui est aussi le miroir le plus fidèle de la civilisation florentine à sa grande époque, est le Studiolo, dans le Palazzo Vecchio, attenant au grand salon, minuscule pièce oblongue, antre et refuge du grand-duc François – celui qui assassina le mari de sa maîtresse et périt avec elle, assassiné par son propre frère, l’ambitieux Ferdinand. Esthète et truand, forban et mécène comme tous les Médicis, François, homme de grandes capacités intellectuelles, était curieux des secrets du monde. Montaigne, de passage à Florence en 1580, mentionne avec éloge ses travaux scientifiques.



      « Il prend plaisir à besogner lui-même, à contrefaire des pierres orientales et à labourer le cristal : car il est prince soigneux un peu de l’alchimie et des arts mécaniques, et surtout grand architecte. »



      Désireux de compléter les collections classiques des Médicis par une galerie personnelle, il s’était aménagé ce Studiolo, sorte de cabinet de curiosités, de chambre des merveilles, où, expert en minéraux et en pierres dures, féru de sciences naturelles et de phénomènes occultes, il s’adonnait à toutes sortes de manipulations mystérieuses, inventant des remèdes, des onguents, des liqueurs, imitant le cristal de roche, polissant des ivoires, incisant des médailles, broyant des métaux, fabriquant des porcelaines de type indien. De tout cela il ne resterait trace, s’il n’avait fait recouvrir et orner de panneaux peints les portes des armoires murales où il rangeait le fruit de ses recherches et l’attirail de ses instruments.



      Il avait demandé à Raffaello Borghini, homme de lettres et écrivain d’art, de lui établir un programme iconographique où serait illustrée la symbolique des quatre éléments, Terre, Eau, Air, Feu. Des scènes réalistes, montrant comment les forces humaines arrachent ses richesses à la nature, devaient alterner avec des scènes mythologiques, de celles où les dieux – Neptune, Hercule ou Vulcain – aident les hommes à fouiller dans les entrailles de la terre, au creux des montagnes, sous les sables du désert, dans les profondeurs aquatiques, en quête des trésors qu’ils recèlent. Giorgio Vasari avait engagé pour illustrer ce programme une équipe de peintres, trentenaires ou même plus jeunes. Ils ont peint plus de trente panneaux de petites dimensions, les uns ovales, les autres rectangulaires. Souligner les correspondances entre les quatre éléments, les quatre climats (froid, humide, chaud, sec), les quatre tempéraments (mélancolique, flegmatique, sanguin, colérique), les quatre saisons et les quatre faces de la lune faisait partie du jeu. Boîte à surprises et rêverie grandiose, tel se présente le Studiolo."



Ancêtre du cabinet de curiosités l'un des points communs entre ces 2 ce sont ces 2 mots :

Boîte à surprises

Et rêverie grandiose



Dans ce volume, à l'instar de son homologue sur Rome, l'auteur décline sur 24 chapitres, qui vont des mets et boissons, Athènes et Sparte, Homère, le théâtre et spectateurs et critiques, arts, mathématiques sciences et technologies, jusqu'aux touristes et attractions touristiques, une rêverie grandiose émaillée de surprises.



L'une des plus surprenante :

"Tandis que la très belle courtisane Rhodopis prenait son bain et que ses servantes veillaient sur ses vêtements, un aigle fondit du haut du ciel sur l'une de ses sandales et s'en empara. Il l'emporta à Memphis, où le Pharaon Psammétique tenait son tribunal, et il la laissa tomber sur ses genoux. Stupéfait par la beauté de la sandale et la perfection du travail de l'artisan autant que par l'action de l'aigle, il ordonna qu'on recherchât dans toute l'Égypte la femme à qui appartenait cette chaussure. Quand on découvrit que c'était Rhodopis, le Pharaon l'épousa. [ÉLIEN, HISTOIRE VARIÉE, 13.33.]"



Cela ne vous rappelle rien ? Mais si... Un petit effort... Giambastita Basile, Charles Perraut, les Frères Grimm.... Disney....



L'aventure de Cendrillon n'est peut-être pas directement inspirée par ce passage, mais l'Apprenti sorcier prend sa source dans l'Antiquité classique puisque, par le biais d'une ballade de Goethe, il nous vient des Amis du mensonge de Lucien de Samosate.



Où l'on apprend que c'est grâce Pronapide d'Athènes (qui fut le maître d'Homère, selon Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, 3.67) institua l'écriture ligne après ligne que nous pratiquons encore de nos jours.

Dans les premiers temps, les gens écrivaient en cercle, en rectangle, en colonnes ou encore en boustrophedron (littéralement : à la façon dont le bœuf de labour fait volte tace en fin de sillon, donc de droite à gauche puis de gauche à droite).



Qu'avec notre mot anticonstitutionnellement, nous Faison pale figure car le mot latin le plus long, avant ou pendant la période classique, est la jonglerie comique de vingt-quatre lettres subductisupercilicarptor (« une personne qui critique en fronçant les sourcils »).

Mais le plus long vocable en grec, langue plus propice aux mots composés, est une trouvaille d'Aristophane, elle aussi comique, qui n'utilise pas moins de 171 lettres pour décrire un indigeste pot-pourri de diverses sortes d'aliments, pour utiliser pas moins de 171 lettre cette mixture de viandes et de sucreries devait avoir un goût atroce...



Qu'Alexandre le Grand naquit le jour où le temple d'Artémis à Ephèse (l'une des « sept merveilles du monde »), fut livré aux flammes. [PLUTARQUE, VIE D'ALEXANDRE, 3.]

Pour l'orateur Hégestrate de Magnésie, il n'est pas que le temple d'Artémis ait brûlé : la déesse (protectrice des accouchement) était distraite par la responsabilité d'avoir à veiller sur la naissance d'Alexandre. Plutarque écrit pour sa part qu'une remarque aussi glaciale était de nature à éteindre l'incendie.



Que les Grecs étaient adeptes du tourisme

- Si l'on privait la Grèce de ses mythes, plus rien n'empêcherait les guides touristiques de mourir de faim, car ce ne sont pas des faits avérés que les visiteurs veulent entendre, fût-ce à titre gratuit. [LUCIEN DE SAMOSATE, LES AMIS DU MENSONGE, 4.]

- J'ai vu, sur la place du marché d'Élis, un édifice sans murs ressemblant à un temple, dont le toit assez bas reposait sur des colonnes de bois. Les gens du lieu disent qu'il s'agit d'un mémorial, mais ils ont oublié qui il commémore. [PAUSANIAS, DESCRIPTION DE LA GRÈCE, 6.24.] Pausanias note plus loin que quelques serpents de la chevelure de Méduse sont conservés dans le temple d'Athéna à Tégée pour garantir à la cité de n'être jamais conquise. [8.47.5.]



C'est d'ailleurs une tête de Méduse, présente sur un vase du Ve siècle avant J.-C., peu commune qui orne la couverture de cet ouvrage.



On y découvre des "traditions" ou superstitions pour le moins étranges

"Une falaise de L'île de Leucade est surnommée «Le Saut Des Amants». Elle passe, en effet, pour mettre un terme aux tourments amoureux, et Sappho aurait été la première à faire ledit saut. Une tradition insulaire voulait que, chaque année, lors des fêtes d'apollon, un criminel fut précipité du haut de cette falaise pour écarter tout mal de la communauté.

On fixait à son corps un plumage et divers oiseaux pour que leurs battements d'ailes freinent sa chute. En contrebas, les nombreux occupants de petits bateaux de pêche formaient un cercle et s'efforçaient de lui venir en aide pour l'éloigner de Leucade."

[STRABON, GÉOGRAPHIE, 10,2]



Bien entendu le philosophie n'est pas en reste :

- Pour Aristote, la vie humaine ressemble à un concombre : elles est amère aux deux extrémités. [Gnomologium Vaticanum, 143]

- L'éducation te met en possession d'un bien que personne ne peut te prendre.

[PSEUDO-MENANDRE, Propos,2.]

-L'athée pense qu'il n'y a pas de dieux. Le superstitieux souhaite qu'il n'y en ait pas, mais croit en eux à contrecoeur car il a peur de na pas y croire. [PLUTARQUE, DE LA SUPERSTITION, 170F.]

- Je serais bien en peine de dire si les dieux existent ou n'existent pas. Le savoir se heurte à de nombreux obstacles- à l'obscurité de la question et à la brièveté de la vie humaine. [PROTAGORAS, FRAGMENT 4.]



Certaines sentences trouvent une résonance très actuelle :

À Olympie, la route menant au stade était bordée des statues de Zeus payées grâce aux amendes infligées aux athlètes ayant enfreint le règlement. On entendait par là montrer clairement qu'à Olympie, une victoire ne pouvait pas être acquise par l'argent de la corruption, mais seulement par l'agilité et la vigueur corporelles.

[PAUSANIAS, DESCRIPTION DE LA GRÈCE, 5.21.]



Et je reprends pour terminer cette phrase publiée dans une critique récente, comme une dédicace :

« C'est comme ça qu'on relaie l'information d'une bouche plus ancienne à une oreille plus jeune, chacun d'entre nous recevant ce que les autres avant lui ont toujours su ».

Et ce livre nous rappelle que bien de richesses se trouvent et se retrouvent chez les Antiques...
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Rome un cabinet de curiosités contes étranges e..

Un vrai bonheur que ce recueil d'anecdotes sur la Rome antique! Pas besoin d'être latiniste pour savourer la cocasserie des informations que l'on découvre au fil de la lecture. Des plus grands aux plus humbles, à table,au lit,en cuisine,on découvre autrement ce grand peuple de conquérants, avec ses rites,ses superstitions,ses cruautés, ses naïvetés... On peut le lire dans tous les sens,selon le thème de son choix.Et pour finir un livre magnifiquement relié et richement illustré illustré, Alors pourquoi bouder son plaisir?
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Rome un cabinet de curiosités contes étranges e..

Ce magnifique ouvrage des éditions Bibliomane est une véritable petite pépite. Il est riche en anecdotes en tout genre (de nombreuses thématiques sont développées : armée, éducation, animaux, spectacles, mets et boissons ...). L'auteur nous offre une découverte ou une redécouverte originale de la brillante civilisation romaine. On se surprend à sourire à certaines habitudes particulièrement surprenantes et étranges.
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