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Citation de Le_Marre_Patrick


J'entrai dans le hall de l'hôtel Calloway quelques minutes après dix heures.
Un vieux monsieur à cheveux blancs était assis au bureau de réception. Près de la porte se trouvait un palmier poussiéreux dans un pot de cuivre. Eparpillés dans la pièce, on voyait cinq fauteuils en rotin dans lesquels personne, semblait-il, ne s'était jamais assis. Une atmosphère sordide se dégageait de ce lugubre tableau. Je m'arrêtai et regardai autour de moi.
Assise dans un coin, dans l'unique fauteuil de cuir, une femme pauvrement vêtue, une cigarette entre ses lèvres outrageusement fardées, tenait les yeux fixés sur moi.
L'espace d'un moment, je ne pus reconnaître Rima. Elle n'avait plus ses cheveux couleur d'argent ; ils étaient teints en rouge brique et coupés court, à la garçonne. Elle portait un tailleur qui n'en avait plus guère pour longtemps. Son chemisier vert crasseux semblait avoir perdu sa couleur à force d'être trop souvent lavé.

Je traversai lentement le hall, sous le regard du vieux réceptionniste, et m'arrêtai devant elle. Nous restâmes à nous dévisager.

Elle s'était drôlement décatie depuis la dernière fois où je l'avais vue. Son visage bouffi était d'une pâleur malsaine. Elle portait beaucoup plus que ses trente ans. le rouge dont elle avait tamponné ses joues ne faisait illusion à personne, sauf, peut-être, à elle-même. Elle avait les yeux durs et indifférents d'une tapineuse professionnelle : on aurait dit des pierres trempées dans de l'encre bleu-noir.
Je fus péniblement affecté de voir combien elle avait changé. le son de sa voix au téléphone avait évoqué dans mon esprit l'image de la fille que j'avais vue onze ans plus tôt, mais cette femme était pour moi une inconnue. Pourtant je savais que c'était Rima : malgré les cheveux rouges et la dureté des traits, on ne pouvait pas s'y tromper.
Le regard des yeux de pierre parcourut rapidement mon complet, l'imperméable que je portais sur le bras, et mes souliers ; puis, il se posa sur mon visage.
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