L'elfe, à coup sûr le plus massif des terres du nord, venait de surgir. Il avait des traits d'une beauté frappante. Il portait de longs cheveux blonds liés par une cordelette d'argent. Une ceinture tressée de fils d'or lui ceignait la taille. Riant à gorge déployée, l'elfe géant étreignit Listle.
Kern secoua la tête, dépassé. Qui prétendait que les elfes étaient élancés et délicats ?
-Quel est le spécimen que tu as amené dans mon arbre, Listle? demanda-t-il ensuite. (Il posa des yeux vert feuille sur Kern.) Un gosse d'humain?
-C'est mon ami, dit Listle, apaisante. Un bon ami. J'aimerais qu'il reste en un seul morceau.
-Comme tu voudras... Mais sache que les humains font de drôles de bruits, fort cocasse, quand on leur arrache les membres un par un.
Quand les clameurs moururent, Tarl examina les dégâts infligés aux murailles. La vérité qu'il découvrit le laissa bouche bée : la ville entière avait été transportée dans une grotte aux dimensions fantastiques!
Au-delà des ruines, le calme régnait. Aucun guerrier squelette ne hantait plus les lieux. La seule chose remarquable, c'était le soleil, comme immobile au-dessus de l'île de l'Epine. Les feux orangés du crépuscule luisaient sur les murailles décrépites du temple, et sur les herbes hautes de la cour.
- Qui... qui es-tu ? hoqueta Listle.
En réponse, l'inconnu ôta son casque. L'elfe réprima un hurlement de terreur. Ce n'était pas un visage d'homme qui lui renvoyait son regard, mais le crâne d'un squelette hérissé de rares touffes de cheveux cassants comme des brindilles.
L'apparition semblait les regarder de ses orbites vides.
- Miltiades ! murmura Kern, effaré.
- En chair et en os, approuva solennellement le paladin mort. ( Son rictus naturel s'élargit en un sourire :) Enfin plus en os qu'en chair, pour tout dire.
(page 105 - Fleuve Noir 1997)
Quand vient l’hiver au temps où la magie s’embrase
Pour le haut paladin vient l’heure de rejoindre
Une tour crevassée de magie écarlate
Qui enchaîna dans ses tréfonds une cité entière.
Quatre héros prendront le départ avec lui
Quatre héros pas un de plus pas un de moins
Pour affronter le Gardien embusqué
Et la relique issue du fond des âges
Sur eux peut-être va tomber le crépuscule
Pourtant leur quête s’ouvre à peine
Car le gardien de la fontaine de Pénombre
Les attendra encore et à jamais
(page 31 - Fleuve Noir 1997)
Il fit des petits tas de violettes, d'épines et de glands de sapin, au pied de l'arbre, et murmura :
- Tempête j'ai besoin d'accepter ta mort... Personne ne peut te remplacer, tu le sais. Même Shal, si elle te ressemble, n'est pas vraiment toi. Je ne vais plus chercher à te remplacer... Personne ne le peut. Pardonne-moi si la vie reprends son cours, Tempête. (Il refoula ses larmes.) Comment dit-on ? Poussière, tu es, poussière tu redeviendras... Tu aimais les arbres et la vie en plein air comme moi... Adieu ma tempête.
Sa voix se brisa.
(page 166 - Fleuve Noir 1996)
- Céruléen, je suis désolée, j'étais si bousculée par les événements que je n'ai pas pensé à te tenir au courant du voyage que je dois faire...
- Bonjour, Shal, salua Tarl qui arrivait avec un sac d'avoine. Tu fais des excuses à ton cheval, maintenant ?
- Mais ce n'est pas un cheval...
- Ah, parce que je n'en suis pas un ?
- ...Je veux dire, oui, c'est un cheval mais c'est aussi plus que cela... Oh, je ne sais plus ! Pourrais-tu nous excuser une minute, Tarl ?
Il lui jeta un regard bizarre et haussa les épaules.
(page 75 - Fleuve noir 1996)
- Vous vous attendez au pire. Vous partez battus d'avance. Soulagez-vous du fardeau qui pèse sur vos épaules, et vos corps, ainsi, seront plus souples. A l'instar d'un animal blessé, un homme qui à le cœur lourd devient une cible facile sur le champ de bataille.
(page 176 - Fleuve noir 1996)