Jane Austen

Son père fasciné par la jeunesse et la beauté, et par cette apparente bonne humeur que donnent généralement la jeunesse et la beauté, avait épousé une femme dont la faible intelligence et l'esprit borné avaient, dès le début de leur mariage, mis rapidement un terme à toute réelle affection pour elle. Le respect, l'estime et la confiance s'étaient envolés pour toujours, et toutes ses idées sur le bonheur conjugal avaient été mis à mal. Mais M. Bennet n'étaient pas de ceux qui cherchent à se consoler de la déception causée par leur propre imprudence en s'adonnant à l'un de ses plaisirs qui réconfortent trop souvent les malheureux de leur folie ou de leur vice. Il aimait la campagne et les livres et il trouvait l'essentiel de son plaisir à satisfaire ses goûts-là. Tout ce dont il était redevable à sa femme était le divertissement que son ignorance et sa bêtise lui procuraient. Ce n'est pas le genre de bonheur qu'un homme attend généralement de son épouse, mais lorsque les autres sources de plaisir viennent à manquer, le vrai philosophe a la sagesse de jouir de celles qu'on lui offre.