Janine Garrisson Le roi Henri IV
Henri IV , sa détestation de l'Espagne:
"S'il y a chez Henry un seul sentiment vrai, il s'agit bien de sa haine de l'Espagne. Celle-ci vient de loin; s'il garde quelques éléments de sa nature béarnaise, il possède alors au creux de lui cette méfiance anti-ibérique léguée par ces ancêtres, jointe au regret de la Navarre espagnole perdue. Mais ce sont les années durant lesquelles il lutte pied à pied contre la Ligne constamment renflouée par l'Espagne qui ont forgé définitivement cette aversion. En 1608 une lettre adressée à la marquise de Verneuil ne laisse aucun doute sur les sentiments du roi:
Je trouvai ce matin, à la messe, des oraisons en espagnol entre les mains de notre fils; il m'a dit que vous les lui avez données. Je ne veux pas qu'il sache seulement qu'il y ait une Espagne; et vous vous en êtes si mal trouvée que vous devriez désirer que la mémoire en fût perdue...
A travers le Journal d'Héroard, on peut relever maintes remarques enfantines du dauphin qui reproduisent la position paternelle. En février 1608, à propos d'un général des armées de Savoie:" Ha! que je suis bien aise qu'il est mort..."; également en mai 1607 dans une conversation avec le médecin:
- Et vous épouserez l'infante ?
- Je ne veux point.
- Monsieur, elle vous fera roi d'Espagne.
- Non, je ne veux point être Espagnol.
Mais déjà en février 1607, dans une scène avec son aumônier:
Quand il fut à dire:"Tu ne tueras point", il dit:"Néi les Espagnols? Ho, ho ! je tuerai les Espagnols qui sont les ennemis de papa; je les epucèterai (balaierai) bien. L'aumônier lui dit: "Monsieur, il ne faut pas tuer les Espagnols, ils sont chrétiens."..."J'irai donc tuer les Turcs..."
Ce royal enfant n'a que six ans et demi à l'époque.
p.305-306
Femme flamboyante et misérable, plus proche de Marie Stuart et de Camille Claudel que de Marguerite de Navarre ou de Catherine de Médicis, Marguerite de Valois est fille d'une époque douloureuse où le «sang et la mort coulent par les rues». Fille d'une lignée prestigieuse pour laquelle le pouvoir est un droit, fille qui crut possible, comme les garçons, de vivre au grand jour les amours qui l'habitaient, Marguerite de Valois, femme de l'excès, est la victime d'une époque, d'une famille aux abois, d'une volonté puissante d'exister.
Fille de roi, soeur de rois, femme de roi, Marguerite de Valois appartient à l'Histoire, mais elle ne l'a fait pas ou si peu. Pourtant le personnage attire autant d'amour que de haine et, longtemps après sa mort, ceux qui parlent d'elle ne l'évoquent jamais avec détachement. Elle émerge à la manière d'une star, focalisant sur elle des images de passion, de violence et de sexe, cocktail que d'aucuns pimentent d'une touche plus contemporaine, la transformant en féministe. Le mélange est suffisamment déconcertant pour que l'on éprouve le désir de la connaître un peu plus encore.
Marguerite est élevée par des nourrices au chateaux de st Germain en Laye, elle dut connaître la vie déambulatoire de la maison royale. Celle ci se déplace pour longtemps encore de château en château, le Louvre à Paris n’entant qu'une de ces résidences parmi bien d'autres. La jeune princesse vit ses premières année avec ses deux sœurs, Elizabeth et Claude, et ses trois puis quatre frères, le dernier François.