L'afro-féministe Jarid Arraes parle de "Dandara et les esclaves libres" sur RFI Brésil.
Elle ne pouvait commettre d’erreurs, car elle était responsable de la vie de milliers de Palmarinos. Elle ne voulait pas voir son peuple brisé par les défaites, mais resplendissant du bonheur des victoires. Son âme se nourrissait de la libération et des sourires de ceux qui habitaient désormais avec eux et qui pouvaient vivre en harmonie avec la nature, travailler, produire et cueillir les fruits de leur travail, être récompensés par leurs efforts. Quand elle pensait à ceux qui souffraient encore, elle sentait sa poitrine se serrer et comprenait qu’elle devait encore faire plus, beaucoup plus.
Ils mettaient des jours à pouvoir dormir sans faire de cauchemars. L’esclavage ne causait pas seulement des douleurs physiques – les blessures infligées à l’âme étaient elles aussi difficiles à guérir. Avec l’aide des autres femmes de la communauté, Dandara s’occupait plus particulièrement des femmes fugitives et de leurs enfants, qui subissaient eux aussi des séquelles de ces abus. Le cercle vicieux de la violence, qui se transmettait de mère en fils, était difficile à briser. Il fallait venger toutes ces femmes.
Tu seras la plus grande guerrière de l'Histoire. Tu libèrera des centaines, des milliers d'esclaves. Ton nom sera une légende pour les générations futures...
C’était l’heure du grand final. Dandara savait qu’après cette nuit, tous les maîtres d’esclaves craindraient de finir comme Arnoso. Ils trembleraient dans leurs habitations luxueuses, redoutant que leurs terres ne soient envahies par les guerriers de Palmares. Plus aucun d’eux ne serait en sécurité chez lui, malgré les hommes de main et les chasseurs d’esclaves à leur solde. Ils n’auraient plus de repos.
Les colons mettaient les huttes à sac, et enchaînaient ceux qu’ils trouvaient sans aucune pitié pour les vieillards et les enfants. Écumant de rage, ils voulaient annihiler le quilombo et faire payer à ces Noirs libres leurs attaques passées ; ils voulaient les punir pour l’inquiétude qui avait perturbé le sommeil des maîtres de plantation.
- Tu es une larve immonde, Mendoça, et tu vas payer pour les cris que mes frères ont poussés entre tes mains ! Toi et tous les autres vous avez réduit mon peuple en esclavage, et avez accumulé des fortunes sur notre dos, au prix de notre sang !